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Problèmes d’eau et d’assainissement: Manga n’est pas en reste

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Une vielle femme parcourant au moins un km à la recherche d'eau dans le Zoundwéogo

La situation de l’assainissement et d’accès à l’eau potable au Burkina Faso n’est pas du tout satisfaisante. Des millions de personnes n’ont toujours pas accès à un cadre sain et à la «denrée rare». Toutefois, des efforts sont en train d’être faits pour renverser la tendance. Pour ce qui est de l’assainissement, à en croire les chiffres officiels, avec un taux d’accès de 3,1% en 2011, le Burkina est passé à 19,7% en 2016 et 21% en 2017. Les autorités ambitionnent de faire évoluer le taux d’accès à l’eau potable de 65% en 2015 à 100% en 2030. C’est dans cette optique que des acteurs de la commune de Manga, dans le Centre-Sud burkinabè, œuvrent afin de se mettre au rythme de l’évolution. Dans le souci d’informer sur l’accès à l’eau et à l’assainissement, une équipe de Wakat Séra s’est rendue dans la Cité de l’Epervier, à 120 km de Ouagadougou pour constater la réalité sur le terrain, à la veille de la fête de l’indépendance qui draine du monde.

Dans la commune de Manga qui compte plus de 30 mille habitants, l’accès à l’eau potable et à l’assainissement n’est pas chose aisée pour nombre de Mangalais, surtout ceux des villages de la localité. C’est ce qu’a laissé entendre le premier responsable de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), section Zoundwéogo, Joachim Nakoulma, à la veille des festivités du 11-Décembre, la fête nationale. Selon le président de la LCB Zoundwéogo, à Manga, «le problème d’eau est très crucial». Ce dernier a déclaré que la province a «fait plusieurs mois sans eau, surtout avec les travaux du 11-Décembre».

«En tant que représentant de la LCB, nous sommes conviés à des rencontres, notamment, avec le ministère de l’Eau et de l’Assainissement. Au cours de ses différentes rencontres, nous ne manquons pas d’attirer l’attention des différents acteurs sur le droit d’accès à l’eau et à l’assainissement», a affirmé M. Nakoulma.

Le président de la Ligue des consommateurs, section Zoundwéogo, a affirmé que sa structure mène «des plaidoyers pour qu’il y ait suffisamment d’eau potable dans la province pour la population» qui souffre actuellement de ce manque.

Des difficultés d’accès à l’eau potable accrues avec les travaux du 11-Décembre

A cause des travaux entrant dans le cadre de la fête de l’indépendance, des tuyaux de l’Office national de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA) ont été endommagés, provoquant des coupures d’eau dans la commune de Manga.

Le maire de la commune, Jérôme Rouamba, le 8 décembre 2018, a reconnu qu’avec les travaux de réalisation, le réseau de l’ONEA a été fortement dérangé, rendant difficile l’accès à l’eau potable dans la localité. Il a tout de même rassuré que tout a été mis en oeuvre en vue de soulager la population.

Selon le maire, durant l’année 2018, « la commune a réalisé six forages. Il y a également des promoteurs privés qui ont pris à bras le corps le problème de l’eau en réalisant des points d’eau autonomes qui ont permis de réaliser des infrastructures et de ravitailler une grande partie de la population ».

Le directeur régional de Nord-Ouest de l’Office nationale de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA), Bernabé Millogo, est allé dans la même logique en faisant cas de la réalisation d’un certain nombre d’ouvrages dans la commune. Mais en ce qui concerne les forages construits par les particuliers, M. Millogo dit douter de la qualité de l’eau produite.

Si dans la ville les habitants s’approvisionnent auprès des forages des particuliers, certaines personnes des villages de la commune de Manga parcourent encore de longues distances à la recherche de l’eau au niveau des pompes.

Dans des villages comme Sakuilga, Mockin, des habitants ne cachent pas leur souffrance liée à la recherche de l’eau potable. Du reste, à la petite quantité de pompes d’eau s’ajoute la non fonctionnalité de nombre d’entre elles et ce depuis des mois, selon des villageois.

L’ONEA renforce son réseau de distribution

Pour soulager la population de la cité de l’Epervier, l’ONEA a entrepris de renforcer son réseau de distribution d’eau potable. Son directeur régional Bernabé Millogo, a indiqué qu’en termes de réalisations, avant celles liées au 11-Décembre, Manga disposait de « neuf forages, un réseau de distribution qui était environ de 45 000 m linéaire, un château d’eau de 150m3 et 1 433 branchements dont 1 355 sont actifs. Avec le 11-Décembre, nous avons fait six forages qui sont raccordés au réseau de distribution, il y a également deux châteaux d’eau, la pose de 15 284 m linéaire de canalisation », a affirmé Bernabé Millogo. « Je peux dire que nous sommes à environ 96% du taux de réalisation », a-t-il dit, ambitionnant de faire mieux les mois à venir.

L’assainissement à Manga

Pour ce qui concerne le volet assainissement, les difficultés ne manquent pas, selon M. Nakoulma de la Ligue des consommateurs, qui regrette le fait que dans la province du Zoundwéogo, tous les ménages ne disposent pas, pour le moment, de latrines. Pour lui, la région du Centre-Sud a un taux de couverture «de 84% en matière d’assainissement». Il a alors plaidé pour un taux d’accès à l’assainissement beaucoup plus élevé. Il a fait savoir que les informations reçues par la LCB, dans ces derniers temps, sont réjouissantes, car avec l’aide de l’ONEA, des foyers ont pu construire des toilettes, réduisant un peu le calvaire des populations.

Le maire, Jérôme Rouamba a abondé dans le même sens en laissant entendre que des toilettes publiques ont été construites dans sa commune et qu’à l’occasion des festivités du 11-Décembre il est aussi mis en place des latrines mobiles. Pour ce qui est de l’entretien de ces ouvrages, M. Rouamba a rassuré que des équipes sont mises en place pour s’occuper de la question.

Une soixantaine de latrines construites à Manga en 2018, grâce à l’ONEA

L’ONEA, conscient du bien-fondé de l’assainissement, a entrepris un certain nombre de réalisations de latrines à Manga, selon le directeur régional du Nord-Ouest, Bernabé Millogo qui couvre Manga.

Il a affirmé que 53 latrines autonomes ont été réalisées dans des ménages grâce aux contributions de ces ménages et celles de l’ONEA. Des gens ont été formés pour la construction des toilettes.

Des activités de sensibilisation se mènent sur le terrain en vue d’amener les uns et les autres à prendre conscience de l’importance de l’assainissement.

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Également, « nous avons construit des latrines améliorées dans des zones non-loties, quatre puisards avec douches dans des lieux publics et des lave-mains au niveau des marchés », a dit M. Millogo.

« À l’image de Ouagadougou nous disposons des points où on déverse ce qui a été recueilli des fosses pour le traiter avant de verser l’eau sale dans la nature car nous nous soucions de la protection de l’environnement », a-t-il conclu.

Si des efforts ont été réalisés en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement selon les autorités, celles-ci ne parlent pas toujours le même langage que les populations qui continuent de souffrir de ces problèmes de manque d’eau potable et d’assainissement.

Par Daouda ZONGO