Le problème d’emploi des jeunes se pose avec tellement d’acuité aux yeux du Mouvement citoyen pour le développement (MCD) qu’il s’en est saisi et propose sa recette dans cet écrit pour sauver la situation. Lisez plutôt!
La problématique de l’emploi des jeunes est une préoccupation majeure de notre temps au nombre des défis à relever dans notre pays. Le taux de chômage étant élevé dans cette frange de la population. Les autorités ont élaboré et appliquent au mieux de leurs possibilités des politiques publiques en la matière. En témoignent les recrutements dans la fonction publique ; et plus de quatre(04) milles enseignants. Cependant, au regard des impératifs de développement, ces efforts restent insuffisants. Les citoyennetés ne peuvent s’épanouir dans une situation de chômage et de paupérisation de plus en plus grandissante. Les effets de tels maux sont évidents : insécurité, instabilité, recrutement possible de jeunes par les réseaux djihadistes et extrémistes de tout bord. Et pour cause, notre système éducatif est sur le banc des accusés : il ne serait pas adapté aux besoins de notre économie. Pourtant, les raisons qui ont prévalu au choix d’un tel système subsistent toujours, dans la mesure où nous avons besoins de cadres techniquement compétents et politiquement conscients, capables de secréter un modèle de développement adapter à nos réalités. En tout état de cause tous les modèles de développement importés des années 1960 à nos jours, n’ont pas permis de sortir notre pays du sous-développement.
Nous ne nous étalerons pas sur les causes ou les conséquences du chômage que nous considérons déjà connues. Ce qui importe pour nous, c’est de faire des propositions qui sont à même d’inverser positivement les tendances actuelles. C’est pourquoi nous faisons les proposons suivantes :
1 Premièrement opérer des réformes dans le domaine des marchés publics
S’agissant des marchés publics faire obligation aux entreprises bénéficiaires de marchés d’un certain montant de recruter du personnel d’un certain niveau par exemple Bac et plus ; car jusque-là par le biais des marchés publics, l’Etat de façon consciente ou inconsciente enrichit une minorité de burkinabè. Ces entreprises sont généralement attributaires de gros marchés surtout dans les fournitures, ce qui leur permet de faire également de gros bénéfices qui contrastent avec le nombre du personnel et la masse salariale annuelle partagée. De même, les entreprises dont le chiffre d’affaire a considérablement augmenté devraient recruter pour rendre le travail moins esclavagiste et absorber le chômage. Cela suppose une lutte acharnée contre la corruption dans les déclarations fiscales et sociales et le sens élevé de responsabilité sociale et citoyenne des chefs d’entreprises. Cette proposition se justifie eu égard de l’exemple des pays scandinaves (Norvège, Danemark, Suède) ; qui occupent depuis maintenant plusieurs années les premiers rangs du classement annuel de l’Indice du Développement Humain fait par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Ces pays, sans être les plus puissants économiquement au monde, ont mis en œuvre des politiques sociales et économiques adaptées qui expliquent essentiellement leurs performances.
- Certains secteurs d’activité tels que les mines auraient pu doubler le nombre de leurs personnels en adaptant le niveau des salaires servis. Dans les mines le rythme du travail est tellement soutenu que certains travailleurs s’inquiètent pour leur santé à l’avenir.
2 Deuxièmement opérer des réformes sur la politique nationale de l’éducation :
Sur ce point, nous proposons de mettre l’accent sur la qualité en essayant de maitriser les effectifs. Cela consiste dans une démarche progressive qui implique fortement les parents d’élèves. Pour l’effectif variant entre 60 à 100 par classe, il faut proposer aux parents de consentir des efforts supplémentaires en contribuant à la prise en charge d’un enseignant. Ce qui permettra de diviser les effectifs par deux et de permettre un bon suivi des apprenants. Certes cela posera l’épineuse question des infrastructures mais là également l’engagement des parents d’élèves permettra de trouver des moyens locaux adaptés. Cela suppose qu’on arrête la langue de bois et les propos démagogiques qui consistent à faire croire aux burkinabè que l’Etat est la solution de tous les maux de notre société. Cette solution devrait s’appliquer dans les zones ou les parents ont pris conscience des enjeux liés à l’éducation et partant de l’avenir de leurs enfants. Ce d’autant plus que l’argent des bailleurs de fonds sans efforts endogènes ne permettra d’assurer une éducation qui est à même de garantir des lendemains meilleurs à notre pays. Le recrutement de ces enseignants permettra d’absorber le chômage de ceux qui en ont déjà reçu la formation en attendant de participer au teste d’intégration.
3 Troisièmement le renforcement des capacités dans la gouvernance locale :
Le renforcement de la gouvernance locale implique à la fois des ressources humaines, matérielles et financières. A ce niveau nous proposons la mise à la disposition de chaque commune rurale et urbaine de jeunes cadres issus de nos universités et écoles de formation professionnelles. Ces jeunes auront la charge d’explorer les potentialités culturelles, touristiques, économiques de chaque commune qu’ils traduiront en projets. Cela répond bien au concept du développement que le PNUD clarifiait déjà dans son rapport sur le développement humain en 1997 en un ces termes : « le développement … étant un processus social, économique, politique et technique dont l’être humain est le sujet, l’acteur et le bénéficiaire, cela en conformité avec les réalités environnementales et culturelles de son milieu de vie » Ces cadres recevront une lettre de mission claire avec des objectifs précis. Cette matière grise placée sous l’autorité des exécutifs locaux doit à travers ces travaux éclairer la prise de décisions du conseil municipal ; contribuer à transformer qualitativement l’économie locale en permettant une exploitation optimale des potentialités de leur zone d’affectation. Ils pourraient être recrutés sur la base de contrats d’objectifs de sorte qu’ils ne seraient renouvelés que si les objectifs étaient atteints. Par exemple cela consiste à mettre à la disposition de chaque commune : un sociologue, un économiste, un géographe démographe, un communicateur, un technicien supérieur de génie-civil, un juriste. Cette équipe pluridisciplinaire doit être la tête pensante du développement local. Elle devrait organiser l’économie locale de sorte à stimuler la production, à organiser la commercialisation avec les acteurs à la base, à libérer des opportunités d’emplois. On pourrait les nommer : comités locaux de développement(CLD).L’on pourrait poser le problème de la masse salariale qui serait insupportable par les budgets locaux. Toutefois l’exploitation optimale de ces compétences permettrait aux communes de générer des ressources à même de minimiser le cout de la masse salariale. Cette proposition doit être inscrite dans une démarche progressive et participative. Ainsi à terme plus de 2000 emplois générés, une économie, locale florissante, autonome et profitable à tous. Cela permettra aux exécutifs locaux de jouer un rôle de transformation positive par la production et la création de la richesse au lieu de se contenter des actes d’administrations essentiellement tournés vers la consommation. Ce d’autant plus que le personnel des communes rurales ont, dans la plus part des cas un niveau d’étude compris entre le certificat d’étude primaire et le BEPC, donc voué à des tâches d’exécution ; en dehors des secrétaires généraux. Une étude approfondie de cette problématique permettra d’en déterminer l’impact réel. Les communes bénéficiaires devraient avoir l’accompagnement de l’Etat dans la phase pilote. Car ces cadres devraient être dotés de moyens matériels leur permettant de prendre en compte les réalités des villages rattachés aux chefs-lieux des communes. Cela permettra de dépasser les études superficielles et lapidaires conduisant à l’élaboration de plans communaux de développement(PCD) couteux et peux efficaces.
Notre réflexion se veut complémentaire des politiques publiques déjà existantes (PNDES) si elle est approfondie. Les quelques années de décentralisation ont laissé plusieurs acteurs sceptiques ; car elle aurait été simplement politique. Il faudrait décentraliser le centre de la réflexion pour qu’elle soit participative porteur de progrès économique et social.
En définitive, nous sommes conscients que les réformes que nous préconisons sont difficiles et demandent beaucoup de courage de la part des gouvernants et les autres acteurs. Cependant nous tenons à dire que les pays qui connaissent aujourd’hui le progrès économique et sociale sur la base de laquelle ils nous prêtent de l’argent, ont eu dans leur histoire des dirigeants courageux et conscients de leurs responsabilités vis-vis de leurs peuples. Si le Burkina Faso aspire au progrès, ces dirigeants ne doivent aucunement faire l’économie de décisions qui vont dans ce sens.
Chaque burkinabè doit savoir que la tranquillité et la sureté de notre société est l’effort de tous et qu’aucune activité ne peut prospérer dans l’insécurité que pourrait causer les troubles nés des conséquences du chômage. Notre peuple dans sa récente histoire a suffisamment démontré sa soif pour une vie démocratique inductrice de progrès économique et social. Si cet espoir est déçu, il est à craindre que cette forme de gouvernance qui se veut universelle ne soit remise en cause. Nous devons donc faire en sorte que la démocratie comble les espérances du peuple même si selon l’ancien premier Ministre anglais elle est la pire des formes de gouvernance qui puisse exister.
Que Dieu bénisse le Burkina-Faso, amène
Maiga Lassané : Juriste
Président du Mouvement Citoyen pour le Développement
M.C.D