Fin des débats sur le dossier de l’attaque de la poudrière de Yimdi (Ouest de Ouagadougou) dans lequel une vingtaine de militaires de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) sont cités comme les présumés auteurs. Après la comparution des accusés, le défilé des témoins, les réquisitions et les plaidoiries des avocats, qui ont pris fin ce mercredi 5 avril 2017, place sera fait au verdict du tribunal qui est probablement attendu demain jeudi 6 avril.
Débuté le 28 mars 2017, le procès de l’affaire attaque de Yimdi dont le présumé cerveau est le sergent-chef Aly Sanou, s’achemine vers sa fin, en l’occurrence le verdict du tribunal dont le président est le magistrat civil Seydou Ouédraogo.
Au total 21 accusés dont un civil, sont passés à la barre depuis l’ouverture du procès, pour leur interrogatoire. Au cours de cette étape du procès si des faits tels que la désertion ont été reconnus par des prévenus, d’autres ont été rejetés.
Accusés de complot militaire, vol aggravé, détention illégale d’armes et de munitions, désertion à l’étranger en temps de paix et violences et voies de fait sans ITT (Incapacité totale de travailler), entre autres, les présumés auteurs de l’attaque de Yimdi, ont donné devant la barre, les raisons qui les ont poussés à agir ainsi, mais rejettent catégoriquement les faits de complot.
Les raisons de l’attaque
« C’est de la Côte d’Ivoire que j’ai eu des informations que Zida (l’ex-Premier ministre de la transition) voulait faire un coup d’État (aux nouvelles autorités) pour asseoir sa révolution et qu’il allait éliminer les généraux Gilbert Diendiéré et Djibrill Bassolé et le président de l’Assemblée nationale (Salifou Diallo) », a confié le sergent-chef Aly Sanou qui soutient qu’il a « risqué » sa vie et celle de ses camarades en vue de « sauver » le Burkina.
Le sergent-chef Sanou qui a pris sur lui de tout assumer, a plaidé l’acquittement pour ses « hommes » car c’est lui qui « les a entraînés » dans cette affaire d’attaque. Selon lui, personne d’entre ses camarades ne savait ce qu’il (Aly Sanou) voulait faire. « J’étais le seul à savoir ce que j’avais en tête », a-t-il confié.
Selon lui, ils devaient soustraire des armes RPG7 dans la poudrière de Yimdi, afin de contrecarrer l’acte que Zida voulait poser. « Nous n’avions pas vu ce qu’on cherchait », a dit le sergent-chef Aly Sanou qui révèle avoir alors fait arrêter la mission.
Peine encourue
Le sergent-chef Aly Sanou et ses camarades accusés de complot militaire risquent la peine de mort.
Pour son avocat Me Bruno Ouattara, il faut alléger la peine des accusés, voire les acquitter purement et simplement pour « faits non constitués dans ce dossier ».
Poursuivant son propos, Me Ouattara note que si l’information qui fait cas d’atteinte à la vie des généraux est avérée, le sergent-chef Aly Sanou et ses camarades ont agi dans le but de sauver des vies, invitant le tribunal à en tenir compte quand il entrera en délibéré.
Le mardi 4 avril, le parquet a requis une peine d’emprisonnement de 20 ans pour le sergent-chef Aly Sanou et le sergent Ollo Poda, les deux ex-RSP qui ont ouvertement reconnu avoir participé à l’attaque.
Dans ce dossier des manquements ont été soulevés par les avocats de la défense, notamment, les tortures subies par leurs clients et le manque de preuves matérielles qui lient l’attaque aux prévenus.
Depuis l’installation du président « démocratiquement élu » (Roch Kaboré), le présent procès est la deuxième affaire que juge le tribunal militaire burkinabè, après celui du caporal Madi Ouédraogo et 28 autres militaires de l’ex-RSP qui s’est tenu de décembre 2016 au 18 janvier 2017. Le caporal Ouédraogo et ses coaccusés étaient poursuivis pour avoir planifié une attaque contre la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), pour libérer des détenus du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015.
Daouda ZONGO