Le procès de l’ancien ministre burkinabè en charge des Transports, Vincent Dabilgou, et six autres personnes a repris, le jeudi 29 juin 2023, au Tribunal de Grande Instance (TGI) Ouaga I avec toujours l’audition des témoins. Seydou Compaoré, responsable commercial d’une structure de vente d’engins à deux roues, a affirmé, à la barre, que « 36 motos » ont été livrées au siège du Nouveau Temps pour la Démocratie (NTD), parti de M. Dabilgou, en novembre 2020. Ces motos auraient été achetées avec les fonds du ministère, à en croire le parquet.
Le procès Vincent Dabilgou et six autres personnes se poursuit, ce jeudi 29 juin 2023, au Tribunal de Grande Instance (TGI) Ouaga I avec le passage à la barre des témoins. C’est dans ce cadre que Seydou Compaoré, responsable commercial de New Horizon international, une société indienne évoluant dans la vente d’engins à deux roues, s’est présenté face au tribunal pour être entendu.
Le témoin a déclaré à la barre qu’il a été contacté, en novembre 2020, par le ministre Vincent Dabilgou pour passer des commandes de motos. Il a indiqué que le ministre l’a mis en contact avec son directeur administratif et financier (DAF) qui était Jean Gabriel Séré.
Selon M. Compaoré, il y a eu « trois livraisons » au parti du ministre. La première commande et la deuxième sont de « 15 motos » chacune et la troisième de « six motos », a déclaré le responsable commercial de New Horizon international, indiquant que « toutes les motos ont été livrées au siège du NTD ».
Les motos ont été vendues au prix unitaire de « 350 000 FCFA », a précisé M. Compaoré. Les paiements des livraisons se faisaient par chèques, selon le témoin qui a noté que ceux-ci appartenaient à ECOBANK.
Cette banque, selon le ministère public, a hébergé un compte du Département en charge des Transports. A en croire le parquet, c’est ce compte qui aurait servi à payer les motos pourtant destinées au parti du ministre Dabilgou.
Appelé à la barre, le DAF du ministère, Jean Gabriel Séré, a confirmé que c’est le ministre Dabilgou qui l’a mis en contact avec le responsable commercial de New Horizon international, Seydou Compaoré. M. Séré a affirmé que son travail se limitait à s’acquitter des factures de livraisons des motos que M. Compaoré lui envoyait.
Interrogé par le procureur pour savoir si le ministre était informé de ce que toutes les factures étaient réglées, le DAF Jean Gabriel Séré a répondu par l’affirmative. « Je ne pouvais enlever l’argent nulle part que dans les comptes du ministère avec le quitus du ministre », a-t-il ajouté.
M. Séré dit également connaître Dramane Nignan, précisant qu’il est Vice-Président du NTD. M. Compaoré a déclaré à la barre que c’est M. Nignan qui l’a mis en contact avec le ministre Dabilgou.
Après le passage du DAF, le tribunal a souhaité entendre le ministre Dabilgou qui a tout nié en bloc. « Je ne connais pas M. Compaoré, je ne l’ai jamais rencontré et je n’ai jamais communiqué avec lui », a réfuté l’ancien ministre de l’ex-président du Faso Roch Kaboré.
Sur la question des motos livrées, M. Dabilgou a assuré en avoir commandées qu’avec deux structures que sont Megamonde et Watam Kaizer. « Je n’ai pas utilisé de fonds publics pour acquérir ces motos », a déclaré l’ancien ministre pour sa défense.
Face aux déclarations du président du NTD, le parquet a présenté deux numéros, un qui serait de M. Dabilgou et l’autre de M. Compaoré, l’agent commercial de New Horizon international. Les deux ont confirmé que ces numéros leur appartenaient
Le parquet a alors confié au tribunal que des échanges téléphoniques ont été relevés entre les deux numéros. « Le premier appel date du 16 octobre 2020 et le 26 octobre, il y a eu trois appels entre les deux personnes », a déclaré le procureur, qui a précisé qu’il y a également eu des échanges WhatsApp entre les deux numéros.
Malgré la présentation de ces éléments, l’ex-ministre Vincent Dabilgou dit maintenir ses déclarations faites à l’Autorité supérieure de Contrôle d’État et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC). « Je n’ai jamais eu de communication avec M. Compaoré. S’il dit avoir communiqué avec moi, cela n’engage que lui », a laissé entendre le président du NTD.
L’audience s’est poursuivie avec le passage à la barre du témoin Dramane Nignan. Ce dernier a confirmé être vice-présidente du NTD, mais il ne reconnaît pas avoir mis « directement en contact » M. Compaoré et le ministre Dabilgou. Les échanges se sont poursuivis entre lui et les avocats de la défense jusqu’à la suspension de l’audience de l’audience à la demande du ministère public.
Par Siaka CISSE
