Le Directeur Général des Affaires Financières (DGF) du ministère en charge de l’Action humanitaire, Camille Yaké Yé, premier témoin auditionné, ce jeudi 12 décembre 2024, dans l’affaire de détournement de plus de trois milliards francs CFA, a nié, les accusations des prévenus dont le principal, Amidou Tiégnan.
Le procès de l’affaire de détournement de fonds au ministère de la Solidarité nationale et de l’Action humanitaire, retransmis en direct sur les chaînes de télévision et radio publiques, a repris ce jeudi 12 décembre 2024. La prévenue, Pretonille Tarpa/Ouédraogo, a été la première à être appelée à la barre. Le président du tribunal, lui a fait des sermons parce que selon une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux et qui est parvenue à la chambre correctionnelle, elle aurait injurié, le procureur lors de l’audition dernière.
Après cet intermède, c’est le témoin, le Directeur de la Gestion des Finances (DGF) du ministère en charge de l’Action humanitaire, Camille Yaké Yé, Camille Yaké Yé, dont le nom est revenu dans des accusations des prévenus Amidou Tiégnan, cerveau de l’affaire et son co-détenu, Salifou Ouédraogo, qui a été appelé à la barre pour dire sa version des faits du dossier. Il a été bombardé de questions par les différentes parties au procès en vue de la manifestation de la vérité. Sa collaboration avec M. Tiégnan, le type de salarié qu’est le présumé cerveau de l’affaire, son appréciation sur ses compétences techniques et pour finir les accusations des accusés, ont été essentiellement les questions qui lui ont été posées.
Selon les affirmations de M. Yé, il a pris service le 7 mars 2023. Après avoir rencontré ses collaborateurs directs dont Amidou Tiégnan qui est l’un des gestionnaires des neuf comptes trésor dont dispose le ministère de l’Action humanitaire. Il a poursuivi que pour avoir une idée nette des comptes, surtout les montants crédités à ces comptes et les dépenses effectuées sur ces comptes, il a demandé aux trois gestionnaires des comptes trésor du ministère de lui fournir le « livre journal de caisse » qui est un document devant contenir les détails des pièces régulières.
Mais, vu que M. Tiégnan n’arrivait pas à lui fournir le document en question et après qu’il a vu que ce dernier a émis un chèque comportant sa signature alors qu’il était à l’extérieur, il a décidé d’aller porter plainte contre lui, notamment, pour « usurpation de signature, faux et usage de faux ». Et c’est de là que tout serait parti. Il a réfuté catégoriquement avoir donné un spécimen de sa signature au principal prévenu.
« J’estime à 3 166 000 000 francs CFA le manque concernant les sorties irrégulières d’argent. Cette somme devrait se trouver dans le compte de M. Tiégnan, mais je n’ai trouvé qu’environ 600 millions FCFA », a précisé Camille Yé qui a révélé que de janvier à septembre 2024 le présumé cerveau de l’affaire qui a choqué les Burkinabè a émis des chèques d’une valeur de « 1 880 000 000 FCFA en son nom propre ».
Lors des confrontations, les prévenus Amidou Tiégnan et Salifou Ouédraogo ont réitéré leurs accusations, à savoir qu’ils ont des affaires à maintes reprises avec Camille Yé. M. Tiégnan a réaffirmé, avec force, qu’il a remis « plusieurs fois » des montants d’argent dont « 10 millions FCFA » une fois, à Saaba, un quartier périphérique situé à la sortie Est de la capitale burkinabè.
Le juge est aussi revenu sur les supposées chèques sortis pour justifier des activités fictives des paiements de frais de missions. Mais à ce niveau également, il a nié les assertions des prévenus Amidou Tiégnan et Salifou Ouédraogo qui a justifié le montant par des activités entrant dans le cadre de la manutention. Sur cette question encore, les deux prévenus qui incriminent le témoin ont été ferment à la barre. Ils gagnaient des montants à hauteur de 15% sur les fonds détournés.
« J’ai remis N fois de l’argent à Camille Yé à Saaba. Je le retrouve au bord du goudron dans son véhicule (marque) 4 Runner », a réagi vigoureusement le présumé cerveau de l’affaire, Amidou Tiégnan, sous un mini brouhaha entendu dans la salle. Son co-détenu, Salifou Ouédraogo est allé dans son sens quand le juge lui a posé à nouveau la même question. « Je confirme que Camille Yé me donnait des chèques, je pars toucher et on se partage. Cette opération s’est répétée à plusieurs reprises », a-t-il répondu.
Le tribunal a, par ailleurs, rappelé les affirmations antérieures du prévenu Salifou Ouédraogo qui a dit recevoir 15% des sommes détournées si c’est avec M. Yé, mais reçoit la moitié si c’est avec Amidou Tiégnan. Le témoignage de Camille Yé, contrôleur financier de formation, n’a pas varié malgré l’insistance des différents avocats qui ont poursuivi l’interrogatoire sur son présumé rôle dans cette affaire qui alimente, ses derniers jours, la toile.
Dans ce dossier, quatre prévenus sont entendus pour « faux en écriture publique, d’usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics, enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux ». Il s’agit du présumé cerveau de l’affaire, Amidou Tiégnan, Salifou Ouédraogo, Philippe Bayoulou et Mme Pétronille Tarpaga née Ouédraogo.
Par Bernard BOUGOUM