A la barre du Tribunal militaire le jeudi 10 novembre 2021 à la onzième audience du procès du dossier de Thomas Sankara et de ses douze collaborateurs, talonné par le procureur militaire sur sa responsabilité en tant que chef de la sécurité du Conseil de l’Entente, le général Gilbert Diendéré a reconnu qu’«il y a eu manquement quelque part, c’est vrai».
Mais, pour l’accusé, « cela ne veut pas dire qu'(il) n’a pas donné les consignes qu’il fallait » à ses hommes le 15 octobre 1987, date fatidique de l’assassinat du père de la Révolution burkinabè. « Je ne peux pas dire que j’ai failli, mais j’ai un pincement au cœur ».
« Il y avait des défaillances bien voulues, bien pensées, de la part du général Gilbert Diendéré », a répliqué le procureur militaire, soulignant également l’inaction du piquet d’intervention. Alors, au regard de tous les arguments développés durant ces trois jours de l’interrogatoire de l’accusé Gilbert Diendéré, le procureur a retenu qu’il il y a eu un manquement dont le lieutenant, chef de la sécurité de la base de la Révolution, à l’époque, est responsable.
A Me Mathieu Solé (Défense), le parquet militaire lui a dit ne pas avoir à lui signifier les infractions qu’il retiendra contre Gilbert Diendéré. Le parquet a évoqué une omission de la part du général Diendéré qui est contraire à ses responsabilités.
« M. le président (du Tribunal militaire) j’ai peur parce que nous n’avons pas connu ce que c’était que le CNEC. On ne peut pas déléguer les responsabilités pénales sans tenir compte du contexte dans lequel nous étions », a réagi Me Paul Kéré, Conseil du général Gilbert Diendéré, insistant qu’il faut absolument que « le ministère public se place dans le contexte où les assaillants ont tué en quatre minutes, pas plus », le président Thomas Sankara et 12 autres personnes. « Personne ne pouvait résister à cela », a-t-il martelé.
« Monsieur le président, je suis moi-même satisfait de pouvoir montrer que je n’ai tué personne. Rien que le fait de savoir, c’est déjà un soulagement pour moi », a conclu le général Gilbert Diendéré, accusé de complicité d’assassinat, attentat à la sûreté de l’Etat, recel de cadavre et subornation de témoin.
Le procès reprend le lundi prochain à 9h00, avec l’interrogatoire de deux autres accusés.
Par Bernard BOUGOUM