Les plaidoiries de la défense ont débuté, le lundi 10 juin 2024, dans l’affaire dite du massacre du 28 septembre 2009, où l’ex-président de la junte, Moussa Dadis Camara et onze autres anciens responsables, sont poursuivis pour leur présumé implication. Me Almamy Samory Traoré, avocat de l’ancien chef d’État, a plaidé pour l’innocence de son client, affirmant que M. Camara n’a joué aucun rôle dans la commission des crimes qui ont eu lieu ce jour-là.
« Le capitaine Dadis n’a rien à voir avec la commission des infractions commises au stade du 28-Septembre », a déclaré Me Almamy Samory Traoré devant la cour qui juge son client et onze autres ex-responsables gouvernementaux et militaires depuis novembre 2022. La défense de Moussa Dadis Camara insiste sur son innocence et appelle à son acquittement, tandis que les accusations de crimes contre l’humanité pèsent lourdement contre lui et ses coaccusés.
« L’opposition aurait pu éviter la tragédie »
Me Traoré a présenté Moussa Dadis Camara comme étant éloigné des décisions ayant conduit au massacre. Il a ajouté qu’il aurait pris des mesures pour atténuer les conséquences des événements tragiques, telles que le déblocage de fonds pour les soins des blessés et la création d’une commission d’enquête nationale. « Informé de la situation pendant que les actes et les faits étaient déjà accomplis, le président a immédiatement instruit son ministre de la Santé publique de prendre en charge tous les blessés dans les hôpitaux publics » a-t-il expliqué.
La Défense a ajouté que l’opposition aurait pu éviter la tragédie en acceptant de délocaliser et de reporter son meeting, évitant ainsi la confrontation. Me Traoré a insisté sur le fait que la tenue de ce rassemblement violait les lois guinéennes et que la date du 28 septembre, symbolique de l’indépendance guinéenne, ajoutait une dimension provocatrice.
L’ancien président risque la perpétuité
Des arguments qui ne tiennent pas pour le parquet qui présentent M. Camara comme le commanditaire du massacre, affirmant que les mesures prises par lui après les faits ne sont qu’un écran de fumée. Elles soutiennent que ces actions visaient à apaiser la pression internationale et à protéger son pouvoir en tant que président putschiste.
Le procès, retransmis en direct à la radio et à la télévision, continue d’attirer l’attention nationale et internationale. Le 28 septembre 2009, une répression d’un rassemblement de l’opposition dans le stade de Conakry a entraîné la mort d’au moins 156 personnes et des centaines de blessés, selon un rapport de l’ONU. Les violences ont également conduit au viol d’au moins 109 femmes. Ce massacre, survenu sous le régime militaire de Dadis Camara, est qualifié de crimes contre l’humanité par le procureur, qui a requis une réclusion criminelle à perpétuité pour M. Camara et six autres accusés.
Par Marie-Ange DIALLO (stagiaire)