A la septième journée de l’audience du putsch manqué de 2015 dans laquelle sont accusés 84 personnes militaires et civiles, dont les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, le tribunal militaire a poursuivi ce samedi 31 mars 2018, avec la lecture de l’arrêt de renvoi, avant de procéder à nouveau, à la vérification de la présence des accusés et à l’examen de quatre demandes de mise en liberté provisoire, a constaté un journaliste de Wakat Séra.
Le président de la Chambre de première instance du tribunal militaire, Seydou Ouédraogo a continué le jugement des accusés du putsch manqué de 2015 qui a fait une quinzaine de morts et des centaines de blessés, en l’absence de plus de la moitié des avocats de la défense qui sont sortis le vendredi 30 mars de la salle d’audience, après l’invalidation des listes de témoins produits par leurs clients. Ces avocats protestent aussi contre le fait que le tribunal a rejeté le délai de deux mois qu’ils ont demandé pour pouvoir faire comparaître leurs témoins comme souhaité par la Chambre de première instance.
Après avoir informé l’assistance que deux avocats de la défense que sont Me Halidou Ouédraogo et Me Issaka Zampaligré, se sont déportés parce qu’ils ont eu des divergences de points de vue avec leurs clients, le magistrat Seydou Ouédrago, a fait savoir que quatre accusés à savoir le sergent-chef Mohamed Lahoco Zerbo, le sergent-chef Roger Koussoubé, surnommé le « Touareg », le soldat de 1re classe Abdou Compaoré et Mme Guelwaré Minata, civile, ont adressé à son tribunal des demandes de mise en liberté provisoire.
Le premier, le sergent-chef Mohamed Lahoco Zerbo, dit avoir fait la demande pour « aller s’acquitter de certains devoirs familiaux (car) après le décès de son père, il doit s’acquitter de certains rites afin de permettre à sa mère de regagner la maison ». Il a avancé en deuxième lieu, vouloir bénéficier de la liberté provisoire pour « poursuivre le dossier de pension pour permettre à (sa) maman » de jouir de ses droits. Mais pour le parquet militaire, « à l’étape actuelle de la procédure », il n’y voit pas « d’intérêt ». Selon le procureur qui s’est opposé à la demande, même si une liberté provisoire est accordée au sergent-chef Zerbo, « il ne pourra pas aller hors de Ouaga » à ce stade du jugement.
Quant au sergent-chef Roger Koussoubé, il dit avoir fait la demande de mise en liberté provisoire parce que son « épouse était souffrante après avoir subi une intervention chirurgicale ». Requête que le parquet a jugé « inopportune » et a demandé au tribunal de la juger comme étant « mal fondée en droit ».
Le soldat de 1re classe, Abdou Compaoré, a fait la demande de mise à liberté provisoire parce qu’il juge en avoir droit. Il a expliqué qu’il bénéficiait de la liberté provisoire mais c’est à son retour d’une mission qu’il effectuait au Mali qu’il a été arrêté à son retour à l’aéroport pour la Maison d’arrêt et de correction des armées (Maca). Le procureur à son tour explique qu’il s’agit simplement de l’application de l’arrêt de renvoi qui « a ordonné une prise de corps ». Le parquet estime qu’à la limite, le tribunal militaire doit déclarer sa requête « irrecevable ».
La dernière demande de mise en liberté provisoire formulée par Mme Guelwaré Minata, pour des « raisons de santé et pour l’éducation de son fils » qui serait mise à mal car son niveau « à l’école ne suit plus » la norme. Selon le parquet, pour une accusée qui « circulait à Ouagadougou avec une fausse identité » et que même un mandat d’arrêt international avait été lancé à son endroit, « à l’étape actuelle du procès, elle (Guelwaré Minata) doit prendre son mal en patience ». « Je ne compte pas me soustraire à la justice. Je demande (la) clémence du tribunal », a insisté Mme Guelwaré à la barre.
Le président du tribunal, Seydou Ouédraogo, après une suspension de 30 minutes pour délibérer, a affirmé, à la reprise de l’audience, que son tribunal déclare les demandes de mise en liberté provisoire des sergents-chef Zerbo et Koussoubé et de Mme Guelwaré, « recevables à la forme, mais (les) rejette au fond ». Quant au cas du soldat de 1re classe Abdou Compaoré, le tribunal procédera à une « vérification complémentaire ».
Suspendue à 12h45, l’audience reprendra le vendredi 6 avril 2018 à 9H00 (Gmt) avec l’interrogatoire des accusés, selon le tribunal militaire.
Par Bernard BOUGOUM