Accueil Société Procès du putsch manqué de 2015: débats sur l’exposition des preuves matérielles...

Procès du putsch manqué de 2015: débats sur l’exposition des preuves matérielles lors des plaidoiries

0
photo d'illustration

Le jugement du putsch manqué de septembre 2015 a repris ce vendredi 20 juillet 2018 avec l’interrogatoire de trois militaires de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Au cours des débats tenus ce jour, le parquet et la partie civile, à la suite d’une interpellation de la défense, ont laissé entendre qu’ils exposeront «les preuves matérielles» lors des plaidoiries.

Depuis le début de ce procès qui juge 84 accusés militaires et civils, nombre de personnes, tout comme la défense se demandent à quand l’intervention des preuves matérielles comme éléments pour situer la responsabilité des présumés auteurs du coup de force qui a tenté de stopper la transition.

Pour répondre à cette interrogation, toutes les parties au procès doivent «aller sur les preuves de ce que chacun a fait comme acte» au lieu de s’appuyer sur «les opinions personnelles», a dit Me Zaliatou Ahouba, conseil de l’adjudant Michel Birba. Pour l’avocat, que le parquet «ne nous fasse pas croire que toutes les décisions» qui seront prises au cours de ce procès «seront fondées sur des opinions».

Son confrère de la défense Me Alexandre Sandwidi qui partage le même avis a estimé quant à lui que «d’une manière générale, en écoutant les accusés à la barre et les déclarations des Procès-verbaux, l’instruction est un peu orientée». Et cela, a-t-il ajouté, procède «d’une influence dans le processus» du jugement de ce dossier. «En écoutant le parquet qui procède pas des hypothèses, j’ai l’impression qu’il fait de la science-fiction», a renchéri sur la même ligne de défense, Me Dieudonné Bonkoungou, avocat d’accusés comme le général Djibrill Bassolé, le capitaine Abdoulaye Dao et le colonel Boureima Kéré.

L’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) «était gangréné, miné et infiltré par le général Isaac Zida (Premier ministre sous la transition) qui depuis novembre 2014 est à la manœuvre», a poursuivi Me Bonkoungou qui se demande s’il est «normal qu’un lieutenant-colonel (Zida en novembre 2014) vienne évincer un général (Honoré Traoré) pour prendre le pouvoir» et s’il «n’est pas illusoire de penser à une action coordonnée» qui a abouti à ce coup d’Etat.

«Ce qui s’est passé (en septembre 2015) n’est que la conséquence logique» des crises précédentes au RSP, a mentionné Me Dieudonné Bonkoungou qui a souhaité que le parquet et la défense «contextualisent» leurs éléments d’analyse dans ce jugement.

A la suite de ces observations de la défense, le parquet et la partie civile ont signifié à la défense et au public qu’ils seront édifiés, parce que les preuves matérielles vont être utilisées au moment des plaidoiries de ce procès où la plupart de la dizaine d’accusés passés à la barre du tribunal militaire disent ne pas se «reconnaître» dans les faits «d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures et dégradation aggravée de biens», entre autres, qui leurs sont reprochés.

Mais la défense qui a estimé «anormal» cette manière de procéder, relève qu’«en matière criminelle, on ne peut pas fonder les décisions sur des déclarations». Ce à quoi le procureur du gouvernement, le commandant Alioune Zanré a répliqué que «dans l’esprit du parquet, (il) ne s’appuie que sur la loi», en l’occurrence les «articles 67 et 427 du code pénal» qui épinglent les auteurs et co-auteurs dans ce putsch manqué.

«Je suis perdue quand j’entends que c’est à la plaidoirie qu’on va faire valoir les preuves» alors qu’elles doivent être «contradictoirement discutées» à ce stade des débats, a rétorqué, Me Awa Boussim de la défense. Sur ce même sujet, si Me Dolimana se dit «inquiet au plus haut degré» que la partie civile notamment a invoqué l’article 67 du code de procédure pénale, Me Ahouba dit regretter ce procédé des avocats des victimes du coup de force manqué parce que «les plaidoiries tirent conséquences des preuves contradictoirement discutées».

Par Bernard BOUGOUM