Les journalistes de la presse nationale et internationale, munis de leur caméras, micros et dictaphones se sont vus interdire l’accès de la salle des banquets de 2000, endroit où a été délocalisé le procès du putsch manqué de septembre 2015 qui implique le général Gilbert Diendéré présumé cerveau et 83 co-accusés. Des leaders d’Organisations de la société civile (OSC) ont déploré ce mardi 27 février à Wakat Séra cet état de fait qui ne permettra pas à la presse de relayer ce jugement qui se veut « historique et pédagogique ».
Les journalistes ont été surpris de se voir refuser l’accès dans la cour comme dans la salle des banquets de Ouaga 2000, lieu choisi pour la tenue du procès du putsch manqué de 2015. Massés devant les barrières et autres mesures sécuritaires, bon nombre de journalistes ont été remontés par cette situation qui ne leur avait pas été signifié dans le communiqué du tribunal militaire qui annonçait que l’accès à la salle avec des téléphones et autres appareils est interdit.
« Moi je pensais que cette mesure concernait les particuliers et non les journalistes car les appareils électroniques sont nos matériels de travail », s’est plaint un confrère qui avait espéré après plusieurs longues heures d’attente que les autorités militaires allaient revenir sur leur décision. « Moi je me demande pourquoi ils nous ont conçu des badges de presse puisque tout citoyen peut venir assister au procès, si c’est pour nous interdire d’avoir accès à la salle rien que pour faire quelques images dans la salle et ressortir », a rétorqué un confrère à un gendarme qui dit ne pas être responsable de cette situation.
« Ça me fait quand même mal que pour un procès aussi historique, on ne puisse pas permettre à la presse audiovisuelle de capter ne serait-ce que le début du procès », a déclaré le directeur du Centre national de presse/Norbert Zongo (CNP/NZ), Abdoulaye Diallo, indiquant que cela aurait au moins « permis aux gens de se rendre compte de ce qui se passe » dans la salle huppée du quartier chic Ouaga 2000 situé au sud de la capitale burkinabè.
Pour Massourou Guiro, porte-parole du Mouvement plus rien ne sera comme avant (MPRESCA), le tribunal militaire est en train de commettre une « erreur car ce n’est pas Ouagadougou seulement qui a déjoué le coup d’Etat ». « Je n’apprécie pas le fait qu’on ait tenu les journalistes à l’écart. Cela n’est pas normal », s’est exprimé M. Guiro, estimant qu’on « doit tout faire pour que la presse puisse relayer l’information ».
« Il faut que les journalistes puissent avoir accès à l’intérieur même de la salle d’audience. Il ne faut pas que les autorités actuelles oublient que c’est cette même presse qui nous a aidés à barrer la voie au coup d’Etat en 2015 », a-t-il rappelé en guise de conclusion.
Smockey du Balai citoyen se « dit que (cette mesure) est peut-être liée aux questions d’ouverture du procès parce que (le tribunal) ne maîtrise pas peut-être tous les contours liés à l’aspect sécuritaire », espérant que dans les jours qui vont suivre puisque le procès de son avis « risque de ne pas être court », qu’au fur et à mesure « on lâche du lest et que vous les journalistes puissiez avoir accès à la salle d’audience pour que les citoyens puissent être suffisamment informés ».
Il a rappelé que son Organisation avait souhaité que ce procès soit retransmis « en direct car ce procès à un aspect pédagogique pour montrer finalement que tout crime finit par être puni ».
Par Mathias BAZIE