Le procès du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015 débuté fin février 2018 se poursuit dans la salle des Banquets Ouaga 2000, avec l’audition des accusés dans le dossier. Ce mercredi 22 août 2018, le sergent-chef Boué Siémini Médard qui aurait été sollicité par le sergent-chef Mahamado Bouda pour «garder les prisonniers», a affirmé avoir «refusé pour ne pas se mêler» de ce qui se passait.
Appelé à la barre pour son interrogatoire, le sergent-chef Médard, qui a rejeté les faits qui lui sont reprochés a confié devant le tribunal que dans la matinée du 17 septembre 2015, le sergent-chef Bouda lui aurait demandé de garder «les prisonniers». «Je lui ai demandé quels prisonniers et il m’a dit les quatre et je lui ai répondu en disant que je ne peux pas», a-t-il confié.
Le 16 septembre 2015, le sergent-chef Boué Siémini Médard a appris l’enlèvement des autorités de la transition vers 16h par sa femme qui est gendarme. Elle lui aurait demandé de «rester à la maison et ne pas se mêler» de ça. Peu après, il dit avoir reçu un appel de l’adjudant-chef-major Eloi Badiel qui a voulu savoir où il était. «Je lui ai dit que j’étais à la maison et il m’a dit de ne pas me foutre de lui».
Cet accusé qui n’était pas de service le 16 septembre a déclaré qu’il est resté chez lui jusqu’au lendemain. «Le 17 septembre matin quand je suis arrivé au camp je me suis présenté au major Badiel. C’est là que le sergent-chef Bouda m’a demandé de garder les prisonniers et j’ai refusé», a-t-il poursuivi, notant qu’il est resté au camp jusqu’au soir. «Dans la soirée on m’a désigné avec quatre autres personnes pour assurer la sécurité du président sénégalais Macky Sall. Donc nous sommes allés à l’hôtel Laïco et nous y sommes restés jusqu’au 20 septembre soir».
Selon l’inculpé, après cette mission de sécurisation du président Macky Sall, il est allé réintégrer son arme le lendemain 21 septembre 2015 et est rentré chez lui. «C’est de la maison que j’ai reçu l’appel du major Badiel qui m’a dit de rejoindre le camp immédiatement. Arrivé il m’a dit d’aller me mettre en tenue. J’ai constaté qu’il y avait des mouvements et j’ai demandé à un jeune qui m’a dit que les autres militaires veulent descendre sur Naba Koom», a relaté le sergent-chef Médard, confiant qu’après il a été informé par le chef de sa femme que le chef d’Etat-major général des Armées d’alors, Pingrenoma Zagré a invité les militaires du Régiment de sécurité de se rendre au camp Guillaume Ouédraogo et Sangoulé Lamizana pour s’enregistrer. «Comme il y avait des jeunes qui étaient à côté de moi, je ne pouvais pas partir les laisser. Donc je les ai dit mais ils ont refusé et ont transmis l’information au major qui leur ont demandé de me surveiller», a-t-il poursuivi, affirmant qu’il n’a pas pu quitter le camp que le 22 septembre 2015 et s’est rendu au camp Guillaume vers 13h30.
Le sergent-chef Boué Siémini Médard a indiqué qu’il n’a participé à aucune rencontre durant les événements.
Poursuivi pour des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures, l’ex-élément de l’ex-RSP, a laissé entendre que si «les choses avaient été comme ce que souhaitaient» d’autres éléments du RSP, il «allait être sanctionné» car il a refusé d’exécuter un ordre qui était de «garder les prisonniers» du coup d’Etat.
L’audience débutée à 9h a été suspendue et reprendra le vendredi 24 août 2018.
Par Daouda ZONGO