La Chambre de jugement du tribunal militaire burkinabè en charge du dossier du coup d’Etat du 16 septembre 2015, a suspendu ce mardi 28 août 2018, l’audition du sergent Lamoussa Badoum, accusé d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessure et dégradation aggravée de biens, pour cause de non-conformité des pièces (concernant l’inculpé) communiquées aux différentes parties au procès.
L’interrogatoire du sergent Lamoussa Badoum qui a débuté en mi-journée ce 28 août après celui du lieutenant Boureima Zagré, se déroulait normalement jusqu’à ce que le parquet fasse appel à une partie du Procès-verbal (PV) de l’interrogatoire au fond qui a attiré l’attention du défenseur de l’accusé, Me Stéphane Ouédraogo.
En effet, il a relevé que le PV qui lui a été communiqué n’est pas le même que détient le parquet. Ce qui a valu une suspension de l’audience pour permettre au tribunal de mener des vérifications. «Après vérification le tribunal constate que le PV que nous détenons et celui qu’a le parquet sont identiques mais contraire à ce que vous détenez», a affirmé le président du tribunal Seydou Ouédraogo, demandant au parquetier s’il entend maintenir les pièces qu’il détient ou les retirer. La réponse du parquet a été négative, mais celui-ci a souhaité que les débats se mènent sur la base des pièces communiquées à la défense. «Nous demandons au tribunal de ne pas tenir compte de la troisième question du PV d’audition (la partie qui manque sur le PV mis à la disposition de l’avocat de M. Badoum)», a dit le parquet.
«Nous prenons acte de ce que dit le parquet mais ce n’est pas aussi simple pour nous, car on ne sait pas si (l’incident) concerne uniquement la question numéro 3 ou pas», a répliqué Me Ouédraogo, sollicitant que les pièces que détiennent le parquet et le tribunal lui soient communiquées. Une demande auquel le parquet n’a pas accédé. Au terme des débats, le tribunal a suspendu, vers 16h40, l’audition du sergent Lamoussa Badoum, pour 24 heures, à la demande de Me Stéphane Ouédraogo qui a souhaité échanger avec son client.
Il est à noter que le sergent Badoum est l’un des militaires de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), qui, avec le sergent Hamidou Pagbelem, se serait rendu à la Radio Oméga pour exiger l’arrêt des émetteurs.
A la suite de la suspension de l’interrogatoire de Lamoussa Badoum, le tribunal a appelé à la barre le sergent Hamidou Pagbelem en vue de poursuivre l’audience. Il est également poursuivi pour les mêmes faits d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures et dégradation volontaire de biens.
Le sergent Pagbelem a nié les faits qui lui sont reprochés. Il a dit n’avoir pas participé à une rencontre au moment des événements. Mais reconnait avoir été dans d’autres endroits et à la Radio Oméga où six motos ont été brûlées, pour demander l’arrêt des émetteurs. Selon ce militaire, lorsqu’ils sont arrivés à la radio, un civil qui se trouvait devant la porte les a conduits à l’intérieur du bâtiment. «Quand on est rentrés, le civil est allé au studio et a dit: «Coupez sinon on va tout brûler», et il a commencé à débrancher lui-même les appareils», a indiqué l’inculpé. Il a déclaré qu’il ne connait pas celui qui a mis le feu aux motos.
L’audience a été suspendue à 17h07 et reprendra ce mercredi 29 août 2018 avec la poursuite de l’audition du sergent Hamidou Pagbelem.
Par Daouda ZONGO