Le général Gilbert Diendéré, accusé dans le dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015, a soutenu, ce vendredi 14 décembre 2018, à la 11è journée de son audition devant la Chambre de jugement du Tribunal militaire, que «le procureur aurait mieux fait de se taire» que de parler comme si sa défense «invente» des choses.
«Nous n’avons rien inventé», a dit le général Gilbert Diendéré, en réagissant sur des observations du parquet militaire qui est revenu, entre autres, sur la perte du téléphone portable de l’ex-chef d’état-major particulier de la présidence du Faso sous l’ex-président Blaise Compaoré, qui aurait servi à passer des appels du 16 septembre au 21 octobre 2015.
«Dès le 21 septembre 2015, le téléphone portable du général, utilisé les jours précédents, n’était plus en service», a déclaré le procureur militaire qui a expliqué que c’est la raison pour laquelle l’expert n’a pas retrouvé les communications faites durant cette période. A cette affirmation du parquet, le général a signifié qu’il n’a «jamais changé» ni son téléphone cellulaire, ni son numéro, notant que même si c’était le cas les enquêteurs pouvaient faire ressortir les données avec les opérateurs de téléphonie mobile.
Pour ce qui est de l’avion d’observation DA42 qui serait «cloué au sol pour une histoire de dix millions de francs CFA», selon le général, le procureur est revenu sur le sujet pour donner de plus amples explications. Pour le parquet, il «ne s’agit pas d’une affaire de dix millions, mais un problème d’exécution de contrat avec le fournisseur (de l’appareil)». Et comme cette société «refuse de faire la maintenance, une autre a été contactée» pour le faire. Selon le procureur militaire, l’hélice viendra «le 15 décembre 2018».
Sur cette question de l’avion d’observation, celui qui était le président du Conseil national pour la démocratie (CND), le général Gilbert Diendéré, a laissé entendre qu’«on doit (le) remercier d’avoir levé le lièvre». «Même si ce n’est pas pour une histoire de dix millions, ce qui a été dit ici (devant la barre) a contribué à accélérer les choses pour que (l’appareil) soit en état de marche», a-t-il poursuivi, signifiant que le coût importait peu.
L’intervention des conseils de Diendéré
«Il y a beaucoup de discours, d’affirmations, mais peu de preuves» pour soutenir l’accusation, a estimé Me Jean Yahovi Dégli, pour qui le rôle du parquet n’est pas d’apporter uniquement des éléments à charge, mais aussi à décharge. Le parquet sur ce point a laissé entendre que ce n’est pas à lui de faire le travail de la défense.
De même, Me Dégli qui a fait savoir qu’il a l’impression qu’on juge le général à travers l’image du président Blaise Compaoré, a souhaité que le jugement se fasse sur la base de ce que son client a fait et non sur autre chose. «Le général Diendéré n’est pas Blaise Compaoré, il n’est pas le régime Compaoré», a-t-il indiqué.
Quant à Me Latif Dabo, il a souhaité faire une mise au point sur des propos que le parquet lui avait attribués, à l’audience précédente. Selon le parquet, Me Dabo aurait dit que le putsch manqué du 16 septembre 2015 «a été un coup d’Etat gentil, non violent», des propos qui ont été repris par des médias. Pour cet avocat du général Gilbert Diendéré, ces mots ne sont pas les siens. «Je n’ai jamais dit ça», a-t-il soutenu, souhaitant qu’on ne lui attribue pas ce qu’il n’a pas dit.
L’audience a été suspendue et reprendra le lundi 17 décembre 2018 avec la poursuite de l’interrogatoire du général Gilbert Diendéré.
Par Daouda ZONGO