Me Hermann Yaméogo, accusé dans le dossier du putsch manqué du 16 septembre 2018 au Burkina, a soutenu ce vendredi 19 octobre 2018, au cours de son audition devant la Chambre de jugement du tribunal militaire, que le président de la transition «Michel Kafando a commis des erreurs» durant sa gouvernance et ce serait ce qui a amené le coup d’Etat.
Le fils de Maurice Yaméogo, premier président de la Haute Volta (Burkina Faso), appelé à la barre pour répondre des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, coups et blessures, a confié au tribunal que la transition a commis des erreurs et le président Michel Kafando en est l’auteur car étant le premier responsable de ce régime.
Cet accusé qui a dit ne pas reconnaitre les faits à lui reprochés, notant «qu’on est en face d’une erreur atypique», en ce qui concerne ces accusations, a étayé ses propos sur le président de la transition, par les différentes crises connues sous sa gestion des affaires de l’Etat et qu’il n’a pas travaillé à les résoudre, notamment en excluant les militaires du gouvernement, comme l’avait suggéré bon nombre de personnes.
Il a reconnu avoir été voir le général Gilbert Diendéré, le 17 septembre 2015, avec une délégation des membres du Front républicain. Selon M. Yaméogo, au cours de la rencontre, des sujets tels que «la loi sur l’exclusion» des dignitaires de l’ex-parti au pouvoir le Congrès pour le Progrès et le Changement (CDP), «la promotion du Premier ministre Isaac Zida comme général et la non application des décisions de la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la loi d’exclusion», aurait été évoqués comme étant les griefs qui ont poussé à la prise du pouvoir par la force.
Après cette entrevue, il aurait également participé à la rencontre avec les émissaires de la CEDEAO, dans le cadre des négociations, le 18 septembre 2015.
Me Hermann Yaméogo, qui a dit qu’il n’a pas été signataire de la déclaration de soutien au Conseil national pour la Démocratie (CND), des membres du Front républicain, a fait savoir par ailleurs qu’il était «solidaire» avec ce document qui «retrace point pour point» les manquements qu’ils avaient relevés, et qu’ils se battaient pour leur résolution.
En ce qui concerne l’argent venu de la Côte d’Ivoire, Me Yaméogo a soutenu que c’est le 20 septembre 2015, qu’on l’a appelé pour lui signifier que «l’argent est arrivé». Il a affirmé qu’à cette annonce, il a fait le lien avec ce qu’ils avaient parlé dans leur regroupement de partis de l’ex-majorité. Selon sa narration, leur coalition devait prendre contact avec des amis en vue de leur solliciter des financements pour leurs activités politiques, mais cela s’est passé bien avant le coup d’Etat. Il a confié que c’est Emile Kaboré qui devait contacter les gens pour la collette des fonds.
«Je n’étais ni à la réception ni au partage de l’argent», a-t-il déclaré, signifiant qu’il était «malade» et n’a pas su ce que cet argent a servi à faire.
En ce qui concerne le rapport d’expertise, il a confié qu’il n’a jamais été notifié d’une quelconque expertise et que ses téléphones n’ont pas été expertisés, et il serait dure pour lui d’y répondre. Des propos qui ont été soutenus par son conseil Me Antoinette Ouédraogo, ancien Bâtonnier de l’Ordre des avocats.
Pour le parquet, ce que dit l’accusé est exact, car aucun de ses téléphones n’a été expertisé, raison pour laquelle il n’a pas été mis au courant. Mais dans le rapport d’expertise il est noté qu’un certain «HY» aurait envoyé des messages compromettants au cadre de banque à la retraite, Léonce Koné, dont le portable a été expertisé.
L’audience a été suspendue vers 17h et reprendra le lundi 22 octobre 2018.
Par Daouda ZONGO