Depuis la convocation du rapport d’expertise de l’expert Younoussa Sanfo, déposé le 30 mars 2016, par le parquet militaire, lors de l’audition du lieutenant Jacques Limon, devant la Chambre de jugement en charge du dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015 au Burkina, des conseils des accusés concernés par cette pièce ne cessent de la remettre en cause. Les débats à l’audience de ce mardi 18 septembre 2018 ont été en grande partie menés autour de ce document.
Au cours de l’audience du lundi 17 septembre et celle de ce mardi 18 septembre 2018, le rapport d’expertise a été également convoqué à l’interrogatoire du capitaine Oussène Zoumbri. Les conclusions de ce rapport chargent aussi bien le lieutenant Limon que le capitaine Zoumbri et d’autres accusés. Selon ce document, les deux auraient échangé des messages compromettants.
Le lieutenant Limon qui a été auditionné à la barre a reconnu certains messages qu’il aurait envoyés au capitaine Zoumbri et a eu à donner sa lecture par rapport à ceux-ci. Une grande partie des messages contenus dans le rapport d’expertise a été balayée du revers de la main par le lieutenant Limon, car ne reconnaissant pas avoir été l’émetteur de ceux-ci. Quant au capitaine Zoumbri, il a reconnu avoir échangé avec le lieutenant mais a dit ne pas reconnaître les messages contenus dans le rapport. «Ces messages ne sont pas de moi. Ces messages sont un peu tirés par les cheveux», a soutenu le capitaine Oussène Zoumbri.
«C’est la première fois que je vois un rapport qu’il faut lire du bas vers le haut», a dit Me Adrien Nion, avocat du capitaine Zoumbri, se posant des questions sur la crédibilité de cette pièce. Il a demandé à la partie accusatrice de «démontrer en quoi les échanges entre les deux (Zoumbri et Limon) ont été déterminants sur le cours des événements».
Quant à Me Mamadou Sombié, avocat du lieutenant Limon, il a laissé entendre que ce rapport d’expertise n’est ni «un pain béni» ni «l’Evangile». «Ce rapport a été obtenu de façon scandaleuse» et le tribunal «ne peut pas établir sa conviction sur un travail bâclé», a confié Me Sombié, notant «qu’il y a beaucoup d’incohérences».
Pour la partie civile, le rapport produit par l’expert contient des «éléments de preuves très sérieux». «Ce rapport est tout à fait crédible», a affirmé Me Séraphin Somé. Dans ses observations, Me Prosper Farama quant à lui, a fait savoir que tout rapport d’expertise est «critiquable». Mais pour lui «il ne suffit pas de le décrédibiliser», se demandant «quelle est la conséquence juridique qu’on en tire».
Les conclusions de ce rapport d’expertise sont «une mine d’or», selon le parquet, déclarant que «l’expert n’a fait que rapporter ce qui s’est passé pendant les événements».
Liste 12 des accusés à passer à la barre
1-Le colonel Omer Bationo
2-Le médecin colonel Mamadou Bamba
3-Minata Djelwaré
4-Paul Sawadogo
5-Issa Yago
L’audience a été suspendue à 16h58 et reprendra le mercredi 19 septembre 2018 à 9h.
Par Daouda ZONGO