Les avocats des 10 prévenus dans l’affaire des audios qui appelaient à « incendier le palais du Moogho Naaba Baongho », ont plaidé la relaxe pour leurs clients, estimant que les infractions pour lesquelles ont les poursuit ne sont pas « constitués », a constaté un journaliste de Wakat Séra ce samedi 24 juin 2023.
Les Conseils des personnes poursuivies dans le dossier des audios ayant circulé et qui appelaient à aller s’attaquer la cour royale du chef suprême des Mossé, sa Majesté le Moogho Naaba Baongho, ont plaidé à l’issue des réquisitions du parquet.
Pour les avocats de la défense, les faits pour lesquels leurs clients ont été envoyés devant la barre du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Ouagadougou ne sont pas « constitués ». Durant tout le temps de leurs plaidoiries, tour à tour, les Conseils des prévenus ont développé des arguments pour chercher à convaincre les juges de l’innocence de leurs clients dans ce dossier.
Selon eux, la partie poursuivante n’a pas pu apporter des preuves matérielles pour montrer la culpabilité de leurs clients. « Le procès pénal se gagne par les preuves », a lancé Me Abdoul Latif Dabo au parquet. Pour lui, le dossier du parquet est « vide ». « Le ministère public n’a pas apporté des éléments qui prouvent que nos clients savaient qu’on devait produire des audios » qui appelaient à incendier le palais du Moogho Naaba Baongho. « Nous sommes dans une procédure par procuration, par anticipation », a-t-il poursuivi, estimant qu’avoir des opinions n’est pas une « infraction ».
La ligne de défense de Me Dabo a été empruntée par ses confrères qui ont également eu le sentiment que leurs clients ont été jugés sur la base de leurs opinions qu’ils ont exprimées dans un cadre privé. C’est pourquoi, ils disent ne pas comprendre pourquoi le parquet laisse d’autres Burkinabè, notamment les soutiens du président Ibrahim Traoré, les pro-russes, exprimer leur opinion en organisant même des attroupements de façon répétée à la Place de la Nation et poursuit d’autres qui ont également exprimé la leur surtout dans un cadre privé. A suivre les avocats, le souhait de certains prévenus de voir le régime du capitaine Ibrahim Traoré chuté « n’est pas une infraction » mais « une opinion ».
Me Christophe Birba a demandé pour sa part aux juges d’être « équitables » avec tous les Burkinabè, soutiens ou pas du pouvoir de la transition. « Monsieur le président, resté attaché au fait », a-t-il déclaré.
Les Conseils des prévenus ont également dénoncé la procédure de la saisine des téléphones de leurs clients sur lesquels le ministère public a extrait les conversations incriminées. Il juge la procédure « illégale » et appellent à écarter les éléments prélevés dans les téléphones du dossier.
Le célèbre chroniqueur Alain Alain (Alain Traoré) peut être considéré comme le fou du roi. « Ces personnes sont très suivies par les autorités qui ont plus intérêt à écouter ceux qui les critiquent », a soutenu Me Paré, l’un de ses défenseurs.
Le président du tribunal après avoir écouté chaque prévenu pour la dernière fois à la barre a mis le dossier en délibéré pour le 7 juillet prochain.
Par Bernard BOUGOUM