Le procès entrant dans le cadre du putsch manqué du 16 septembre 2015, débuté fin février 2018, s’est poursuivi ce lundi 28 janvier 2019 devant la Chambre de jugement du tribunal militaire burkinabè. Après le «show» des accusés, selon Me Prosper Farama de la partie civile, c’est au tour des témoins «stars» de passer à la barre pour leurs témoignages sur les événements du 16 septembre 2015 et jours suivants.
Ce lundi 28 janvier 2019, le tribunal a entamé l’audition des témoins cités par les parties dans le cadre de l’affaire dite du putsch manqué. Le premier à passer à la barre fut Bénédicte Jean Biila, un agent du ministère de la jeunesse, qui fournissait des renseignements au général Djibrill Bassolé quand il était à la gendarmerie et au Centre de renseignement et de traitement de l’information (CRTI). M. Biila aurait travaillé comme agent de renseignement pendant une vingtaine d’années, depuis qu’il était élève.
Ce témoin du parquet, ex-inculpé dans ce dossier, qui a juré de parler sans haine, de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, a soutenu, à la lecture des retranscriptions des conversations téléphoniques qu’il aurait eues avec des accusés comme le général Bassolé, l’adjudant-chef Bandjirou Do et l’ex-chef d’état-major particulier de la présidence du Faso, Boureima Kéré, qu’il ne se souvient pas avoir tenu celles-ci.
Selon la déposition de Biila en première comparution, il aurait affirmé que, en ce qui concerne ce putsch, M. «Bassolé pourrait être impliqué», vu qu’il s’intéressait à ce qui se passait au RSP. Il a également indiqué que Me Hermann Yaméogo serait le «planificateur» car il parlait tout le temps de l’inclusion, et Léonce Koné, membre du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le bras financier. Mais devant la Chambre de jugement du tribunal militaire, le témoin a précisé qu’il ne s’agissait que de son analyse.
«Ce qu’il dit est tout à fait juste pour ce qui est de l’inclusion. Je suis foncièrement pour l’inclusion. Mais de là à dire que je suis le planificateur du coup d’Etat, c’est aller trop vite en besogne», a dit Me Hermann Yaméogo, soutenant que c’est juste «une simple déduction» que Bénédicte Jean Biila a faite. Quant à M. Koné, il a affirmé que «dire (qu’il est) le bras financier», comme l’a fait le témoin, «n’est pas sérieux».
Le deuxième témoin appelé à la barre fut Alidou Sawadogo, conseiller des affaires étrangères et ex-chef de protocole du général Djibrill Bassolé. M. Sawadogo a été celui que le général Bassolé a commis de remettre un million de francs CFA au journaliste Adama Ouédraogo dit Damiss et cinq millions de francs CFA à Ismaël Diendéré, fils du général Gilbert Diendéré, qui avait «des soucis financiers en famille». Selon ce témoin, le général avait de l’estime pour Damiss et ce n’était pas la première fois qu’il donnait de l’argent au journaliste.
A la suite de la déposition des témoins, Me Prosper Farama a soutenu, après que ceux-ci n’ont pas voulu répondre à un certain nombre de questions, qu’«on a eu des accusés qui ont fait leur show et maintenant ce sont des témoins qui se font stars». Me Farama reproche à ces témoins de vouloir venir leur donner des leçons.
Quant à Me Hervé Kam, il a fait savoir aux deux témoins, qu’ils comparaissent en tant que témoins et en cette qualité, ils sont obligés de répondre aux questions posées et de dire la vérité sous peine de se voir mis immédiatement aux arrêts, selon l’article 120 du code de la justice militaire.
Pour la défense, ces témoins étaient des inculpés dans ce dossier qui ont bénéficié d’un non-lieu. Ces avocats se demandent alors comment un ex-inculpé peut être cité comme un témoin.
L’audience a été suspendue à 16h30 et reprendra demain mardi 29 janvier 2019.
Par Daouda ZONGO