Au terme du jugement du putsch manqué de mi-septembre 2015 ayant fait 14 morts, des avocats de la partie civile et de la défense ont apprécié le verdict du tribunal militaire qui condamne, entre autres accusés, le général de brigade Gilbert Diendéré à 20 ans de prison ferme et le seul général de gendarmerie du Burkina Faso, Djibrill Bassolé à 10 ans de prison ferme. Si la partie civile se dit «satisfaite» de ce procès qui pour elle doit faire cas d’école, les avocats de la défense attendent de consulter leurs clients en vue de faire appel ou non.
Me Olivier Yelkouni, avocat de Gilbert Diendéré: «Même un an ce n’est pas bon à prendre»
Comme vous l’avez suivi, le tribunal n’a pas suivi le parquet dans ses réquisitions. Nous allons aviser avec notre client. Même un an ce n’est pas bon à prendre parce que c’est une question de liberté qui est le bien le plus cher de l’homme.
Me Prosper Farama, avocat des victimes: «Ce procès est une victoire pour le peuple burkinabè»
Nous ne rentrons pas dans les commentaires des quantums des peines qui ont été infligées aux accusés. Ce qui était important pour nous partie civile, c’était surtout que ce procès se tienne, et qu’il arrive à son terme. Pour le Burkinabè que nous sommes, aujourd’hui est un jour historique parce que de mémoire, dans ce pays, c’est l’un des coups d’Etat qui a donné lieu à un procès équitable, en toute transparence publique et qui n’a pas donné lieu à des exécutions sommaires nuitamment. Dans un procès, il n’y a jamais totalement la vérité. Qui l’eut cru un jour que les généraux Diendéré et Bassolé et tous ces militaires qui à quelques années de cela étaient les hommes forts du pays, pourraient répondre à des questions de simples victimes. Pour nous déjà c’est ça la victoire de ce procès. Et ce que nous espérons, c’est que le verdict de ce procès soit le glas sonné pour tous ceux qui pensent qu’on peut accéder par la force au pouvoir au Burkina Faso. C’est surtout ça notre grande satisfaction. Je pense que c’est une victoire pour le peuple burkinabè.
Me Mireille Barry: «Il faut qu’on puisse avoir le jugement pour apprécier les faits qui ont motivé la décision des juges»
Il faut d’abord savoir qu’une condamnation n’est jamais bonne à prendre, donc, non les dix ans (de Djibrill Bassolé) ne sont pas bons à prendre. Avant qu’on puisse se prononcer sur quoi ce soit, il faut qu’on puisse avoir le jugement pour apprécier les faits qui ont motivé la décision des juges, et surtout recueillir l’avis de notre client. Mais pour notre part, il n’y a pas de trahison puisque la trahison c’est de porter des armes contre un Etat et comme tout le monde le sait, M. Bassolé n’a jamais porté d’arme contre l’Etat du Burkina Faso. Je ne peux pas prendre la décision de faire appel, seul M. Bassolé pourra décider s’il faut relever appel ou non.
Propos recueillis par Bernard BOUGOUM
