Au troisième jour de sa comparution devant le tribunal militaire ce lundi 15 octobre 2018, le journaliste Adama Ouédraogo dit Damiss, a considéré les observations de Me Guy Hervé Kam et de Me Pierre Yanogo, de la partie civile, comme des « élucubrations d’avocats aux abois ».
Depuis le début de son jugement, M. Ouédraogo est resté droit dans ses bottes sur sa non implication dans le dossier du putsch manqué de 2015 qui poursuit plus de 80 personnes militaires et civiles. Même s’il reconnait s’être rendu le jour du coup d’Etat au Camp Naaba Koom qui abritait l’unité de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), il nie avoir posé un acte qui montre son implication au coup de force qui a entravé mi-septembre 2015, la bonne marche de la Transition.
« Là où Me Kam se cache, moi je dors là-bas », a répondu Damiss à la suite d’une question de l’avocat de la partie civile qui a estimé que le Directeur de publication du journal d’investigation « Le dossier », a tenté de « racheter » les motos des journalistes de la radio privée Oméga Fm qui ont été brûlées au moment des faits à Gounghin (centre de Ouagadougou) où l’organe était installé.
« Le Conseil supérieur et de la communication (CSC) a dédommagé des journalistes » qui ont vu leurs matériels saccagés par les éléments du RSP, « est-ce que le CSC a commis un délit », s’est interrogé l’accusé qui a affirmé que le « Burkina Faso est un pays de solidarité ».
Il a expliqué à cet effet que le sujet qu’a évoqué Me Hervé Kam pour « l’accabler », est né du fait qu’un opérateur économique, après avoir appris le drame subit par les journalistes de Oméga, a voulu passer par lui pour les soutenir, estimant que cela « n’a rien à avoir avec le putsch ». « J’ai aidé beaucoup de journalistes à construire leurs maisons, à payer leurs véhicules, à payer leurs motos et bien d’autres choses », a-t-il confié en qualifiant les affirmations de Me Pierre Yanogo sur ce sujet, de » très graves ».
Mais, les avocats de la Partie civile, notamment Me Hervé Kam a réagi en disant que Damiss « a relaté les faits de façon inexacte ». Pour lui, l’ex-journaliste du doyen des quotidiens privés burkinabè, « L’observateur Paalga », a voulu racheter les motos pour brouiller « les traces » de l’infraction des meneurs du coup de force qu’il soutenait. Il a demandé au tribunal de faire comparaitre l’opérateur économique en question afin qu’on sache si Damiss dit la vérité ou non.
Me Mahamadou Bambara, l’un des Conseils de Damiss, s’est dit étonné de constater que la défense de la Partie civile « a pris aujourd’hui le rôle du parquet ». Selon lui, le fait que des accusés notamment le capitaine Oussène Zoumbri, le commandant Aziz Korogho (chef de corps de l’ex-RSP) et le colonel Yonaba ont affirmé avoir vu Adama Ouédraogo, au camp Naaba Koom, n’est pas suffisant pour établir la culpabilité de son client puisque la version de ces derniers n’est pas la même lecture qu’en fait la Partie civile. Cette façon de défense de la Partie civile, « C’est de la chasse aux sorcières », invitant ses confrères de parler « des faits ».
Dans ses observations, Me Yanogo a signfié que les éléments retenus contre Adama Ouédraogo démontrent à souhait sa culpabilité puisqu’aux dires du général Gilbert Diendéré, considéré comme le cerveau de l’affaire, dans son Procès-verbal (PV), Damiss aurait « rédigé le brouillon du communiqué » lu à la télévision nationale qui a proclamé le Conseil national pour la démocratie (CND).
Me Dieudonné Bonkoungou, avocat du général Djibrill Bassolé qui aurait donné un million de francs Cfa au journaliste Adama Ouédraogo au moment des faits en guise de récompense, estime que la Partie civile et le parquet militaire « cherchent vainement des éléments » pour établir la culpabilité de Damiss. Poursuivant ses propos, Me Bonkoungou a demandé au parquet de « prouver » parmi les sept communiqués du CND lus au moment des évènements, celui qui établit la culpabilité du journaliste.
Par Bernard BOUGOUM