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Procès putsch manqué: d’où viennent donc les 160 millions F CFA de Diendéré?

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L’audition du général Gilbert Diendéré, président du Conseil national pour la démocratie (CND), débutée le 26 novembre dernier, s’est poursuivie ce lundi 17 décembre 2018, devant la Chambre de jugement du tribunal militaire burkinabè, dans le cadre du procès du putsch manqué de 2015. Des doutes ont été émis par certaines parties en ce qui concerne la provenance des 160 millions de francs CFA dont le général Diendéré aurait donné une partie à des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Pour des avocats de la partie civile, cette somme proviendrait de la Côte d’Ivoire. L’accusé pour faire taire les «allégations», a produit une pièce qui selon lui justifierait les 160 millions de francs CFA.

Lors des audiences précédentes, l’accusé Gilbert Diendéré a indiqué que la somme de 160 millions F CFA provenait d’un prêt bancaire. Il avait souligné avoir «aidé des proches» à l’obtenir et quand, en septembre 2015, il était dans le besoin, ces personnes lui ont rétrocédé ladite somme. Alors, pour corroborer ses dires, le général a mis à la disposition des parties, un document attestant qu’il s’est porté caution afin d’obtenir un prêt pour la société SEKAI Tech international, une société burkinabè dont les actions seraient détenues par son fils, Ismaël Diendéré et sa compagne Fatoumata Diawara.

Pour la partie civile, «cette pièce n’a aucune valeur (…) concernant ce qui a été avancé», car elle ne donne pas une réponse quant à la provenance des 160 millions F CFA. Me Séraphin Somé, qui dit noter une «variation (dans les propos du général Gilbert Diendéré) sur la provenance de cet argent», a conclu que cette somme «peut-être une infime partie (de ce qui) est venue de la Côte d’Ivoire». «Cet argent, son origine est claire. Il est venu de la Côte d’Ivoire en même temps que le matériel de maintien d’ordre», a soutenu Me Somé.

« Je n’ai jamais reçu de l’argent venu d’ailleurs », a réagi le général Gilbert Diendéré. Le général qui a produit la pièce, a voulu que l’on passe à d’autres pièces qu’il a introduites également, au lieu de rester à opiner sur celle-ci qui «n’est pas importante».

Pour le parquet, «le général a produit la pièce pensant que c’est un document à décharge, sauf qu’il s’est rendu compte que ce document contribue à le charger», raison pour laquelle, «il ne souhaite plus en parler».

Compte rendu de la réunion du « Comité de résistance populaire »

En plus de cette pièce, le général Diendéré a produit un compte rendu d’une réunion du « Comité de résistance populaire », tenue le 20 septembre 2015. Une rencontre au cours de laquelle, les participants auraient décidé, entre autres, de manifester en mettant les enfants en première ligne comme des boucliers, et amener les éléments de l’ex-RSP à commettre des meurtres.  

Selon le général Diendéré, ce document aurait pu être exploité dans le cadre de la recherche de la vérité. Il s’est alors demandé pourquoi la pièce qui contient les noms et les numéros des participants à la rencontre, est restée avec le juge d’instruction sans qu’il n’investigue là-dessus. «Je n’impose rien au juge d’instruction. J’ai trouvé un document que j’ai jugé utile pour la recherche de la vérité. Avec la liste des noms, il aurait pu creuser pour en savoir» plus, a dit l’accusé.

Mais pour le procureur militaire, l’accusé à la barre «fait de la manipulation». «Vous donnez l’impression que vous défendez la partie de la vérité, mais quand on vous pose des questions sur un certain nombre de choses vous ne voulez pas répondre», a poursuivi le parquet pour qui le général Diendéré est prompt à accuser les autres, notant qu’il sent en lui plus «un homme politique qu’un général».

Pour le parquet, «ce document est à prendre avec des pincettes», car il contient «des ratures, et il n’est pas signé».

Encadré: réactions de Me Hervé Kam de la partie civile et Me Olivier Yelkouni, avocat de Diendéré sur les différentes pièces   

Par Daouda ZONGO