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Procès putsch manqué: entre satisfaction et violation de droit

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Le procès du putsch de septembre 2015 (Ph. linternaute.fr)

Les plaidoiries du jugement du coup d’Etat manqué de mi-septembre 2015 qui a débuté le 27 février 2018, ont pris fin le vendredi 23 août 2019, soit après 17 mois de débats contradictoires. Des avocats livrent à la presse, leurs appréciations sur ce procès, qualifié d’historique pour le Burkina Faso. Au total, 84 personnes civiles et militaires sont accusées dans cette affaire.

«C’est déjà une très grande satisfaction que ce procès ait pu se tenir jusqu’à la fin», a affirmé Me Guy Hervé Kam, un des avocats de la partie civile, poursuivant qu’«aujourd’hui de notre côté, la satisfaction est d’autant plus grande que l’on sait qui a fait quoi, et surtout pourquoi».

Pour cet avocat, à cette étape du jugement, «tout le monde sait qui a fait quoi. A la limite je pourrais dire que la décision du tribunal qui pourrait intervenir, sera sans doute pour apaiser les cœurs», a-t-il dit. Pour les Conseils de la partie civile, le procès a tenu toutes ses promesses. C’est pourquoi, Me Kam a «rendu hommage au tribunal qui a laissé le temps au temps, qui a laissé chacun s’exprimer et dire même des choses qui n’avaient absolument rien à voir avec le procès. Et c’est aussi cette discussion qui a mis tout le monde d’accord».

Me Guy Hervé Kam

Quant au verdict attendu, les avocats des victimes de ce coup de force manqué ayant fait 15 morts veulent «une décision qui montre que le tribunal lui-même sait concorder la vérité judiciaire avec la vérité des faits. C’est ce que nous voulons et c’est cela aussi que nous voulons pour tous ceux qui ont souffert dans cette affaire», a ajouté Me Guy Hervé Kam, souhaitant également que ce procès renforce la démocratie burkinabè.

«Le procès a tenu ses promesses, il s’est déroulé du début jusqu’à la fin même si certaines questions majeures n’ont pas obtenu de réponses, et ça c’est déplorable», a déclaré Me Oliver Yelkouni qui a rappelé que «toutes les juridictions ont refusé de répondre à la question de la réquisition». Pour la défense, «c’est très grave».

La défense «n’espère rien parce qu’effectivement nous l’avons démontré lors de nos plaidoiries, il y a eu beaucoup de violations de droit, beaucoup de violation de la procédure, et nous avons tenu malgré tout à donner notre position, à défendre nos clients avec rigueur», a dit l’avocat du général Gilbert Diendéré, considéré comme le cerveau du coup d’Etat manqué perpétré  par l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ex-garde prétorienne de l’ancien président Blaise Compaoré, contraint à la démission et à l’exil fin octobre 2014. «En cela au moins nous pensons quand même que le tribunal nous a donc entendus», a-t-il ajouté.

Me Olivier Yelkouni

Le procès reprendra lundi à 9H. A cette phase du jugement, le tribunal va reformuler ses questions qui seront débattues par les parties prenantes à ce jugement. Selon l’avocat de la partie défenderesse, c’est à partir de ces questions que lui et ses confrères pourront dire ce qu’ils «espèrent ou attendent» à propos des verdicts.

«En matière criminelle, lorsque vous clôturez les débats, au regard du dossier, il y a des questions que le président doit formuler, des questions qui seront adressées à tous les membres du tribunal lors du délibéré. En général la question c’est, est-ce qu’un tel est coupable des faits qui lui sont reprochés? Si oui est-ce qu’il y a des circonstances atténuantes ou aggravantes», a expliqué Me Oliver Yelkouni aux journalistes.

Par Bernard BOUGUOUM