Me Prosper Farama, l’un des avocats de la partie civile dans le procès du putsch manqué de 2015, a déclaré ce vendredi 30 novembre 2018, à la fin du quatrième jour de l’interrogatoire du général Gilbert Diendéré, qu’il « attendait beaucoup de courage » de l’ex-homme de main de l’ancien président Blaise Compaoré, renversé fin octobre 2014, à la suite d’une insurrection populaire.
« Le général Diendéré refuse de dire les choses telles qu’elles apparaissent de toute évidence. Je crois qu’il navigue à contre-courant. C’est tellement évident et flagrant, je m’excuse avec tout le respect que je lui dois, qu’il passe à côté de la vérité qui est toute flagrante », s’est offusqué la défense des victimes dont 13 morts du putsch de 2015.
D’autant plus que pour lui, « la vérité c’est qu’il (général Diendéré) ne peut pas nier, à ce jour-là, au moins par rapport aux éléments du dossier, d’avoir conçu une proclamation avant le coup d’Etat ». Or, « ne pas nier que des gens sont allés le chercher chez lui à domicile » et accusé ces mêmes personnes d’en être les commanditaires, cela pose problème à l’homme à la robe noire puisque ces mêmes disent que « c’est lui (le général) qui a donné l’ordre de faire un coup d’Etat », a-t-il poursuivi dans sa logique d’explication.
« Ils sont au moins quatre qui ont dit que c’est lui qui a donné l’ordre de faire un coup d’Etat. Il n’est pas contestable aujourd’hui parce que de façon évidente, il ne peut convaincre qui que ce soit car c’est lui le général qui a piloté le coup d’Etat du début jusqu’à la fin », a renchéri Me Prosper Farama.
Sur la loi de l’amnistie, Gilbert Diendéré a signifié à la barre, au quatrième jour de son passage, que c’est la CEDEAO qui l’avait proposée aux putschistes. Me Farama se veut clair. « La loi d’amnistie est faite pour protéger des délinquants dans le sens juridique du terme. Comment quelqu’un peut-il accepter une loi d’amnistie en ne se reprochant absolument rien. C’est quand même curieux », a-t-il dit avant d’ajouter que lui « personnellement, (il a) du mal à suivre (le général) dans sa cohérence ».
« Au jour où nous en sommes, nous avons le portrait-robot du commanditaire. Et ça lui ressemble trait pour trait. Personnellement ce que moi j’attendais du général, c’était beaucoup de courage », a soupiré l’avocat qui a estimé que « le courage ce n’est pas de rester dans un camp militaire pendant un coup d’Etat et faire sortir des gens pour mâter ses propres populations », mais c’est assumer ses actes « quand on a posé un acte aussi grave que celui-là ».
Me Farama s’attendait à ce que le général vienne et dise : « Oui je l’ai fait. Je l’ai fait avec les hommes. Maintenant nous attendons la sanction si vous voulez bien accepter notre pardon, nous demandons pardon ».
Par Bernard BOUGOUM