L’expert en sécurité informatique et directeur d’Intrapole, Younoussa Sanfo est attendu à la barre, le lundi 18 mars 2019, devant la Chambre de jugement du tribunal militaire burkinabè, pour son audition dans le cadre du dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015, a annoncé ce vendredi 15 mars 2019, le président du tribunal Seydou Ouédraogo.
A la suite des événements du 16 septembre 2015 et jours suivants, le tribunal militaire s’est attaché les services de Younoussa Sanfo pour l’expertise des appareils des présumés putschistes. Il a déposé son rapport le 30 mars 2016. Son passage à la barre, comme témoin, était très attendu par les différentes parties prenantes au procès. Son travail a été plusieurs fois critiqué au cours des audiences précédentes par des avocats de la défense, notamment ceux du général Djibrill Bassolé et du lieutenant Jacques Limon.
Les témoins du jour
Ce vendredi 15 mars 2019, six témoins sont passés à la barre, pour faire leur déposition. Il s’agit du commerçant Salam Sawadogo, de l’employé de commerce Rufine Sawadogo/Ouédraogo, du sergent Jean Yonli, de l’adjudant-chef Issouf Guiré, du capitane Moussa Moïse Kaboré et de Arsène Bouyot.
Toutes ces personnes ont été citées comme des témoins à décharge pour deux accusés, respectivement le sergent Nobila Sawadogo et le sergent Médard Boué.
Il est à noter que le commerçant Salam Sawadogo et Arsène Bouyot ont fait leur déposition sans prêter serment du fait de leur lien de parenté avec les accusés. Le premier est le cousin de l’accusé Nobila Sawadogo et le deuxième est le petit frère à Médard Boué
Trois témoins au secours du sergent Nobila Sawadogo
Les trois premiers témoins dans leur déposition, ont confirmé les déclarations de l’accusé Nobila Sawadogo qui avait soutenu qu’il n’était pas présent à la présidence le 16 septembre 2015. Lors de son audition, il avait confié que ce jour vers 9h, il a été chez son cousin Salam Sawadogo, ensuite il se serait rendu chez Rufine Sawadogo/Ouédraogo autour de 12h-13h pour chercher des fournitures pour des écoliers au village. Selon Mme Sawadogo, l’accusé a quitté chez elle entre 14h-15h, et il avait indiqué qu’il se rendrait à la gare pour commissionner.
C’est aux environs de 15h30 que le sergent Nobila Sawadogo aurait contacté le sergent Jean Yonli pour savoir ce qui se passait. Et le sergent Yonli lui aurait dit que l’adjudant-chef major Eloi Badiel a instruit de rejoindre le camp. C’est ainsi qu’il s’y serait rendu vers 17h. Il n’a été dans le cortège du général Gilbert Diendéré qu’à partir du 17 septembre 2015. Cela a été aussi confirmé par l’adjudant-chef Moussa Nébié dit «Rambo» et le caporal Sami Dah qui est revenu sur sa déposition.
Le calendrier du sergent Médard Boué
Le sergent Médard Boué dans ses déclarations avait affirmé que le 16 septembre 2015, il était chez lui toute la journée et ne s’est rendu au service que dans la matinée du 17 septembre 2015. Du 18 au 20 septembre 2015, il a été dans l’équipe de sécurité du président sénégalais Macky Sall. Le 21 septembre 2015 il aurait réintégré son arme avant de quitter le camp Naba Koom II, le 22 septembre 2015, pour se rendre au camp Guillaume Ouédraogo et a été transféré par la suite à la gendarmerie.
Les dires de l’accusé ont été confirmés par les témoins, l’adjudant-chef Issouf Guiré, le capitane Moussa Moïse Kaboré et Arsène Bouyot son frère.
Selon le premier de ses témoins, l’adjudant-chef Issouf Guiré, l’épouse de l’accusé a appelé son mari le 16 septembre 2015 pour le convaincre de ne pas se mêler de ce qui se passait. Le témoin a également indiqué que Mme Boué lui aurait passé le téléphone pour qu’il prodigue des conseils au sergent Médard Boué. Il a ajouté que le 22 septembre 2015, avant de se rendre au camp Guillaume Ouédraogo, l’inculpé se serait rendu à la gendarmerie où lui et Mme Boué travaillent.
Quant au capitaine Moussa Moïse Kaboré, ex-directeur des études et de la formation au Prytanée militaire du Kadiogo (PMK), il a confirmé la présence du sergent Médard Boué dans l’équipe de sécurité du président Sall. Il est à noter que le capitaine Kaboré avait été affecté comme l’aide de camp du président sénégalais durant son séjour au Burkina au moment des faits.
Le dernier témoin à passer devant le tribunal ce vendredi 15 mars 2019, est Arsène Bouyot, le petit frère de Médard Boué. Il a aussi confirmé le calendrier de son grand frère, ci-dessus cité. M. Bouyot a également déclaré au tribunal, que le 22 septembre 2015 en l’absence de son frère cinq militaires sont venus à leur domicile, qui se trouvait au camp Naba Koom II, proférer des menaces à l’endroit de son frère comme quoi, c’est lui qui file des informations à la gendarmerie. Il y aurait eu aussi des femmes qui y auraient fait irruption, porté des injures à l’endroit de la femme de son frère, qui est une gendarmette.
Des témoins absents
Trois témoins du parquet sont déclarés absents ce jour. Selon le parquet deux sont en stage hors du Burkina et un est actuellement malade. Il a souhaité que le tribunal passe outre de ces témoins. Une demande qui n’a pas rencontré d’opposition.
L’audience a été suspendue vers 15h et reprendra le lundi 18 mars 2019.
Par Daouda ZONGO