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Procès Sankara: les Conseils du général Diendéré demandent son « acquittement sans peine ni dépens »

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Le procès entrant dans le cadre du dossier Thomas Sankara et douze autres s’est poursuivi, ce jeudi 24 mars 2022, avec la plaidoirie des Conseils du général Gilbert Diendéré, l’un des présumé cerveau de l’affaire. Il est poursuivi pour « attentat à la sureté de l’Etat, complicité d’assassinat, recel de cadavres et subornation de témoins ». Dans leurs plaidoiries, ses avocats demandent son « acquittement sans peine ni dépens ».

Les avocats du lieutenant Gilbert Diendéré au moment des faits (15 octobre 1987), fidèle de l’ancien président Blaise Compaoré, après avoir exposé leurs arguments ont soutenu que les différentes infractions collées à leur client ne sont pas « constitués ».

Partant sur cette ligne de défense, ils ont plaidé l’acquittement de leur client qui purge déjà une peine en lien avec le putsch manqué du 16 septembre 2015. Pour eux les infractions d’« attentat à la sureté de l’Etat, complicité d’assassinat, recel de cadavres et subornation de témoins », pour lesquelles, le parquet, dans ses réquisitions, a demandé 20 ans de prison ferme, ne sont pas constituées.

ce sont trois de ses avocats qui sont passés tour à tour à la barre, ce jeudi 24 mars 2022, pour plaider la relaxe du général Gilbert Diendéré, lieutenant au moment des faits.

Me Abdoul Latif Dabo a plaidé sur la subornation de témoin dont on reproche à son client qui aurait envoyé son ancien chauffeur, Tondé Ninda Pascal dit Mããng Naaba d’inciter le témoin Abdrahamane Zétiyenga à venir faire un faux témoignage à son profit. Pour l’avocat, « l’infraction n’existe pas ».

« Le seul élément qui fonde l’incrimination, c’est l’enregistrement », a-t-il poursuivi, ajoutant que ni le parquet, ni la partie civile « n’apportent des éléments de preuve » sur cette accusation. « La subornation ne se présume pas, elle se prouve », a-t-il répété, ne voyant pas l’intérêt pour son client à procéder à de telles manœuvres.

Me Dabo s’est aussi chargé de la complicité d’assassinat dont on poursuit son client. Sur cette charge également, il a indiqué que l’infraction n’est pas constituée. Selon lui, le général Gilbert Diendéré paie pour la « fidélité et la loyauté » qu’il a voué à l’ex-chef de l’Etat ayant passé 27 ans au pouvoir, Blaise Compaoré.

Il a aussi estimé que le général Diendéré est victime d’une « cabale médiatico-politique » dans cette affaire car pendant l’instruction, on a laissé des pièces du dossier pour essayer d’emballer le public vers une certaine sentence qu’on doit prononcer contre son client. « Aucun élément matériel ne prouve » cette infraction dont on poursuit son client. Pour lui, dans un procès pénal, « on ne peut pas seulement se baser sur les déclarations des témoins » car les accusés encourent des peines lourdes.

Après Me Dabo, c’est son confrère, Me Kossi Saba qui est passé plaider pour la relaxe de l’ex-chef de sécurité du QG de la révolution d’août 1983. Il s’est chargé du chef d’inculpation portant sur le recel de cadavres. Se fondant sur la base légale de la prescription et de l’examen de l’infraction, « les éléments constitutifs en l’espèce ne sont pas constitués ». C’est pourquoi, a relevé l’avocat, le parquet a requalifié le fait pour poursuivre désormais son client de complicité. Me Kossi a essayé de persuader les membres de la Chambre de jugement sur la prescription que l’infraction de son client, vu sa nature, est un « délit » et non un « crime ».

Me Olivier Yelkouni a lui plaidé sur l’attentat à la sureté de l’Etat dont serait responsable le lieutenant Gilbert Diendéré à l’époque. du général Diendéré demandent son « acquittement sans peine ni dépens ». A suivre son développement, aucun élément matériel ne prouve les dires du ministère public ou certains de ses confrères de la partie civile. « En droit pénal, ce qui n’est pas prouvé n’existe pas et le doute profite à l’accusé » pour éviter les « erreurs judiciaires », a-t-il renchéri.

Il s’est d’abord évertué à démontrer que que son client n’a participé à aucune réunion préparatoire en vue de la commission de la fusillade du 15 octobre 1987. Il a relevé une « incohérence et une contradiction » dont font montre le parquet militaire et les Conseils des victimes qui se sont essentiellement basés sur les témoignages. Il a martelé que l’accusation et la partie civile ont fait « justes des affirmations d’autorités, des déductions et des insinuations », alors que pour un procès de cette nature, il faut des preuves.

En somme, Ces avocats du lieutenant Gilbert Diendéré au moment des faits, après avoir exposé leurs arguments ont soutenu que les différentes infractions collées à leur client ne sont pas « constituées » et demandé que le tribunal ne juge pas en fonction de l’opinion qui « a déjà condamné » leur client.

Le procès suspendu reprend demain vendredi à 9H avec toujours la plaidoirie des avocats du général Diendéré, notamment, Me Paul Kéré et Me Mathieu Somé.

Par Bernard BOUGOUM