Accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, le colonel-major Jean Pierre Palm, dit JPP, ancien ministre burkinabè des Sports, gendarme à la retraite, réfute ces faits à lui reprochés dans l’affaire dite de l’assassinat du président Thomas Sankara et de douze de ses compagnons. Il a été appelé à la barre le jeudi 4 novembre 2021, pour son audition.
Selon sa narration devant les juges, Jean Pierre Palm, était affecté à Bobo-Dioulasso comme commandant de la Gendarmerie et n’y avait pas encore pris fonction au moment des faits. Il a signifié que le 15 octobre 1987, souffrant de maux de dents, il a été accompagné par un ami du nom de «Julien le Togolais, un réfugié politique» pour voir un dentiste. Ils seraient donc allés dans un premier centre de soin qui était fermé et ils ont poursuivi leur chemin pour se rendre dans un autre centre de soin dentaire. Mais à l’approche du centre, ils ont entendu des tirs et ils sont allés s’abriter dans la famille Barry dont l’une des filles est Me Mireille Barry, qui était en son temps étudiante, selon ses dires. «Nous y sommes restés jusqu’au matin avant de rentrer chez mon jeune frère», a-t-il déclaré.
Le 16 octobre 1987, il dit avoir été informé que tous les officiers étaient convoqués au Conseil de l’Entente. «J’ai dit que je ne voulais pas me mêler des affaires politiques et que je n’irais pas», a laissé entendre le colonel-major Palm. Mais il s’est rendu à la rencontre car on lui aurait dit que s’il ne s’y rend pas on pouvait venir le chercher.
«Quand je suis arrivé, j’y ai trouvé d’autres officiers et on était assis sur des bancs au dehors. Boukary Lingani, commandant en chef des forces armées et Blaise Compaoré recevaient les gens un à un», a dit l’accusé. Il soutient que c’est là-bas qu’on lui a dit qu’«il y a eu un changement de situation, il y a du grabuge et que le président Sankara est mort». «Blaise Compaoré m’a dit de rester à la disposition du commandant en chef», a-t-il poursuivi.
C’est le 16 novembre 1987, un mois après le coup d’Etat que Jean Pierre Palm, en son temps capitaine a été nommé chef d’état-major de la Gendarmerie.
Selon l’accusé, vers fin novembre 1987, une délégation française est venue et il l’a accompagnée au service de transmission de la Gendarmerie nationale pour voir ce qui pourrait constituer les besoins de ce service. «La transmission et la table d’écoute sont différentes. La table d’écoute est là», a-t-il souligné.
Il est accusé par certaines personnes d’avoir accompagné les Français pour débrancher une table d’écoutes.
Entre le 16 octobre 1987 et le jour de sa nomination comme chef d’état-major de la Gendarmerie, on lui a confié «des missions ponctuelles». Il reconnait avoir, sous des ordres mis aux arrêts certaines personnes comme Basile Guissou, Adama Touré, Arba Diallo à cause de « leur comportement par rapport au coup d’Etat ».
Le parquet, après avoir écouté l’accusé, a demandé une confrontation entre lui et d’autres accusés, notamment Yamba Élysée Ilboudo qui le charge.
L’audience a été suspendue et elle reprendra le lundi 8 novembre 2021, avec la poursuite de l’audition du colonel-major Jean Pierre Palm.
Par Daouda ZONGO