Qui sera le prochain président de la Guinée Bissau, suite à la confrontation décisive du second tour entre Domingos Simoes Pereira et Umaro Sissoko Embalo. On peut le dire sans risque de se tromper que le dénouement de cette randonnée électorale reste difficile à imaginer. L’équation se complique d’autant que le taux de participation au second tour est déjà plus élevé que celui de la phase précédente. Tout comme le taux d’abstention sera très scruté. Et, l’équation est encore plus difficile compte tenu d’une autre inconnue, et pas des moindres: les électeurs respecteront-ils les consignes de votes des vaincus du premier round? Question importante dont la réponse conditionnera les résultats de ce second tour. Certes, Domingos Simoes Pereira est le champion du parti historique, le Parti africain de l’indépendance pour la Guinée et le Cap-Vert (PAIGC) et qu’il a été le grand vainqueur du premier tour avec 40,13% des suffrages. Mais son challenger, Umaro Sissoko Embalo, qui n’a obtenu que 27,65% des voix, est désormais le candidat le plus à même de prendre les clés du palais présidentiel, car étant le cheval sur lequel ont misé, Nuno Nabiam et le président sortant, José Mario Vaz, respectivement arrivés en troisième et quatrième positions après la première partie du jeu.
Une chose est sûre, les 760 000 électeurs appelés aux urnes ce dimanche 29 décembre ont, pour ceux qui ont glissé leurs bulletins dans les urnes, accompli leur devoir citoyen, dans le calme, à en croire les échos de cette élection qui désignera, le prochain président de ce petit pays géographiquement parlant, mais doté d’une histoire politique tumultueuse. Si les consignes de vote des «précieux» vaincus sont appliqués, et que la transparence est la règle, en lieu et place des tripatouillages redoutés avant les échéances électorales, les chances de Umaro Sissoko Embalo de devenir le nouvel homme fort de ce pays africain qui n’a accédé à l’indépendance qu’en 1973, seront très fortes. Toutefois, les calculs ne sont pas aisés à faire, même avec les machines les plus «Hi-Tech», la Guinée Bissau, où n’existe pas de surcroit d’instituts de sondages, n’ayant pas connu de recensement de la population depuis vingt ans au moins. Ainsi, les chiffres disponibles reflètent très peu la réalité du terrain. De plus, il sera très aisé pour des petits malins au dessein noir, de faire voter des morts. Plus que jamais, le report des voix sera décisif dans une élection dont tout un peuple espère que le président qui triomphera remettra le pays sur les voies réelles de la démocratie et surtout de la bonne gouvernance. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui a jeté toutes ses forces dans la bataille pour éviter le chaos politique au pays de Amilcar Cabral, n’en sera que davantage récompensée pour ses efforts.
Désormais, le petit pays lusophone de l’Afrique de l’ouest qui a longtemps été abonné aux prises de pouvoir par la violence va-t-il devenir un bon élève d’élections pacifiques? Les Bissau-Guinéens, en tout cas les citoyens lambda en ont sans doute marre de l’instabilité chronique qui collait comme un sceau indélébile à leur pays, qui, malheureusement est également une véritable plaque tournante du trafic de drogue. Faites vos paris, les jeux sont ouverts!
Par Wakat Séra