Après l’annonce du chef de l’État Ivoirien, Alassane Ouattara, de la mise en œuvre de la monnaie unique «ECO» en 2020, l’économiste sénégalais, Makhtar Diouf, est monté au créneau pour dénoncer le changement d’appellation du Franc CFA sans aucune connotation technique. Le disciple de Samir Amin, se confiant à Financial Afrik, dimanche 22 décembre , doute même du changement d’appellation du FCFA annoncé l’année prochaine.
Pour le professeur d’Economie, les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne sont pas bien outillés pour adopter la nouvelle monnaie car jusqu’à présent rien n’a été fait à part des spéculations purement subjectives. L’universitaire a rappelé qu’en 2000, les chefs d’Etats avaient recommandé de procéder en deux étapes. D’abord, élaborer une monnaie commune au niveau de la zone de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), regroupant 8 pays (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), puis, laisser les autres pays de la CEDEAO qui ont des monnaies inconvertibles, Guinée, Ghana, Nigéria, le soin de créer leur propre monnaie. Et ensuite, procéder à la fusion des deux monnaies (création d’une monnaie unique) au niveau de la CEDEAO.
Makhtar Diouf est formel, tous les économistes « non tarés » sont sur la même longueur d’onde, l’avènement de l’ECO est un non -évènement. Ce n’est pas, souligne-t-il, Alassane Ouattara, bon élève des institutions de brettons woods (Banque mondiale, Fonds Monétaire International), et de la France qui va se préoccuper des intérêts de cette monnaie unique.
Pour, l’adepte de Karl Marx, si la France a accepté de supprimer le dépôt de 50 % des réserves de change auprès du Trésor français, c’est parce que les présidents, Tchadien, et Béninois, respectivement, Idriss Déby et Patrice Talon, se sont rebellés pour dénoncer cette forfaiture. Lui emboîtant le pas, le docteur en économie Ndongo Samba Sylla, dans sa sortie a fait savoir que rien ne sert de changer d’appellation du FCFA sans pour autant procéder à des réformes profondes du système de politique monétaire dans la zone UEMOA.
S’exprimant la semaine dernière lors des « samedis de l’économie », le professeur en économie, Moustapha Kassé a été catégorique le FCFA n’a pas d’avenir et ne croit pas à l’avènement de l’ECO en 2020. Pour le doyen honoraire de la faculté des sciences économiques et de gestion (Sénégal), même si l’ECO voit le jour, des problèmes structurels vont toujours demeurer à cause d’une absence de politique monétaire viable. Il a préconisé trois solutions fondamentales pour que l’instrument monétaire puisse jouer son véritable rôle dans le processus de développement des pays membres de la CEDEAO.
Il faudra, souligne-t-il résoudre le problème de l’inter parité des différentes monnaies, des réserves et de la gouvernance unifiée. Les chefs d’Etats ont fait les mêmes proclamations, pour l’avènement de la monnaie unique, en 2003, 2009, 2015 et 2020, a expliqué le professeur, ayant eu le privilège d’assister à la confession technique de la zone monétaire ouest-africaine (ZMOA), le 20 avril 2000.
Pour rappel, en novembre 2017, Emmanuel Macron s’était déclaré «ouvert» sur la question de l’avenir du franc CFA, son périmètre, son nom et son existence même. Créé en 1945, le franc CFA est arrimé à l’euro avec un taux de change fixe, 1euro vaut 655,96 FCFA. Et pour garantir cette parité fixe, les pays de la «zone franc» (UEMOA, Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) doivent déposer 50 % de leurs réserves de change au Trésor français.
Source: financialafrik.com