La prorogation des mandats des maires au Burkina Faso d’une année, «n’est pas un «lenga» comme les autres», selon le ministre burkinabè en charge de l’Administration territoriale, Clément Sawadogo, qui était face à la presse ce jeudi 4 mars 2021.
«Ce n’est pas un «lenga» comme les autres. D’abord, ce ne sont pas eux qui ont demandé ou qui se sont battu pour l’obtenir», a dit le ministre Clément Sawadogo qui a déclaré que ce sont les membres du gouvernement, qui dans leur analyse au vu d’un certain nombre de paramètres, ont estimé qu’il sera «bon de faire ce report».
Selon M. Sawadogo, cette décision n’a pas été prise « sans consulter l’opposition politique ». « Quand le président du Faso nous avait regroupés autour du dialogue politique, il y avait des questions qui avaient été soulevées et qui concernaient les municipales, notamment, le mode d’élection des chefs de collectivité. Ça veut dire des maires et des présidents des régions », a-t-il affirmé notant que « c’est une question extrêmement importante qui avait été posée et d’aucuns pensaient que dorénavant il faut élire le maire et les présidents des régions au suffrage universel direct ».
Pour le ministre c’est le manque de temps qui a fait que le débat sur la question n’a pas été achevé, car « il y avait des questions en ce moment nettement plus brulantes ».
« Le dialogue politique avait conclu qu’il fallait reporter ces débats après les élections du 22 novembre (2020). Il faut bien régler le problème avant les élections et si on ne tranche pas, après les élections municipales, il faut attendre encore cinq ans or nous savons tous ce qui s’est passé la dernière fois après les municipales (de 2016). Il y a eu même des morts, des blessés dans certaines communes à cause des bagarres pour le poste de maire. En dehors même de ce cas de figure, dans notre système actuel, si vous êtes maire tous les jours, vous êtes en train de recalculer votre majorité, de sorte que les maires sont obligés de mettre plus de temps à se stabiliser eux-mêmes qu’à travailler pour le bonheur de la collectivité. Mais si le maire est élu au suffrage universel direct c’est fini. Les conseillers sont là, ils participent aux conseils. Mais les conseillers ne peuvent pas faire tomber quelqu’un qui a été élu par le peuple. » (Clément Sawadogo)
Avant les élections de novembre 2020, les députés avaient eux aussi demandé une prorogation de leur mandat. Cette demande qui a eu un écho négatif au niveau de l’opinion, a été abandonnée par la suite.
« Par rapport à la prorogation des mandats refusée aux députés, j’étais de ceux-là qui avaient combattu le « lenga » », a déclaré Me Bénéwendé Sankara, ministre en charge de l’Urbanisme, qui soutient que pour ce qui est des mandats des maires, « les contextes ne sont pas les mêmes ».
« Les deux situations avaient déjà été appréciées au niveau du dialogue politique. Pour les députés c’était dans un contexte différent que celui des maires parce qu’il fallait d’abord relire la loi, notamment, le Code sur les collectivités territoriales et cela avait été acté », a dit Me Sankara.
Pour lui, « on savait déjà à travers le compromis politique qu’il fallait reporter d’au moins d’un an pour les élections municipales et pour les députés, il fallait modifier le Code électoral et l’adapter ».
Le mercredi 3 mars 2021, le Conseil des ministres a adopté un projet de loi visant à demander le report des élections municipales à l’Assemblée nationale.
Par Daouda ZONGO