Accueil Société Putsch manqué de 2015: «Je n’ai fait qu’exécuter des ordres» (sergent Pagbelem)

Putsch manqué de 2015: «Je n’ai fait qu’exécuter des ordres» (sergent Pagbelem)

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Le procès du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015 au Burkina Faso, débuté fin février 2018, dans la salle des Banquets de Ouaga 2000, poursuit son cours. Depuis l’audition du premier accusé au trente troisième, chacun de ces inculpés rejette la balle au commandement. C’est le cas du spécialiste en transmission en service au Régiment de sécurité présidentielle (RSP) au moment des faits, le sergent Hamidou Pagbelem qui n’a cessé, au cours de son interrogatoire, ce mercredi 29 août 2018, de soutenir qu’il «n’a fait qu’exécuter des ordres militaires» donnés par ses chefs.

Le sergent Hamidou Pagbelem est poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures et dégradation aggravée de biens. Des faits qu’il a dit ne pas reconnaitre.

Dès le 16 septembre 2015, le sergent Pagbelem aurait reçu l’ordre de ses chefs de se rendre à «Gounghin (quartier populaire dans le Centre-ouest de Ouagadougou), Kamboinsin (Nord) et à la radio Oméga» pour «dire» aux agents d’organes de presse «d’arrêter les émissions, compte tenu de la situation pour éviter le gâchis». Et le 17 septembre 2015, il se serait rendu à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) et à Savane FM pour arrêter l’émission de la radio 108.0, dite «radio pirate».

«Je n’ai pas fait autre chose. Je n’ai pas fait de patrouille. Je n’ai pas frappé quelqu’un ni attenté à la vie de quelqu’un», a-t-il déclaré.

Pour ce militaire tout comme d’autres accusés qui sont passés à la barre «un ordre est un ordre» et «ce n’est pas au subordonné de caractériser cet ordre».

«Le sergent ne se reconnait pas dans les faits à lui reprochés», a avancé son avocat Me Ignace Tougma, soutenant que «la multitude de questions (aussi bien du parquet que de la partie civile) qui lui ont été posées, montre la difficulté qu’on a à qualifier les infractions» pour lesquelles M. Pagbelem est appelé à répondre. «Ce n’est pas à un subordonné comme mon client d’apprécier l’intérêt des ordres qu’il reçoit», a poursuivi l’avocat dans ses observations en répondant à la question sur la légalité ou non d’un ordre.

C’est à la suite des observations de la partie défenderesse que le tribunal a suspendu l’audience vers 17h15. Elle reprendra le vendredi 31 août 2018 avec l’audition d’un autre inculpé.

Par Daouda ZONGO