Le général Gilbert Diendéré, président du Conseil national de la démocratie (CND), organe ayant perpétré le coup d’Etat du 16 septembre au Burkina qui a fait officiellement 13 morts, a plaidé le 10 décembre 2018, à la barre du tribunal militaire, pour la libération de ses co-accusés car ils n’étaient pas au courant du coup de force.
« Ca fait trois ans que je vous demande de libérer ces jeunes car ils ne sont pas au courant de ce qui s’est passé (le 16 septembre et jours suivants) mais vous ne m’écoutez pas », a dit dans un ton agacé, le présumé cerveau du putsch manqué. Pour lui, ce qui est advenu lors des évènements du coup de force « n’a pas été planifié », et que lui et ses co-accusés se sont retrouvés par « légitime défense » à vouloir trouver des solutions pour qu’on ne dissolve pas leur corps d’armée, l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), une unité d’élite.
A cet effet, a poursuivi l’ex-chef d’état-major particulier de la présidence sous l’ex-président Blaise Compaoré, il aurait même adressé une note pour « demander une audience » avec les autorités dont le président Roch Kaboré pour lui faire part de la nécessité de libérer les éléments du RSP, notamment les sous-officiers et les soldats de rang parce qu’ils ont été embarqués dans la tentative avortée que le corps a fait, par hasard. « Mais on ne m’a même pas répondu », a regretté le général qui était l’homme de confiance de M. Compaoré.
Le suspect sérieux du dossier du putsch manqué qui avait entravé la bonne marche de la Transition installée après la chute du régime (27 ans) de Blaise Compaoré dont il était l’un des tôliers, s’est dit quand même heureux de constater que le parquet commence à mettre un bémol sur la culpabilité de ses co-détenus.
Restant droit dans ses rangers, le général deux étoiles qui affiche une sérénité depuis le début de son audition, a réitéré que le putsch a été un débordement d’une crise au sein de l’ex-RSP qui devrait être résolue par la hiérarchie militaire. Pour lui, ce qui est arrivé le 16 septembre et jours suivants est la seule faute du commandement militaire qui ne s’est pas « assumé » face à la situation.
Les propos de Michel Kafando qui déchargent le général Diendéré…
Pour ces évènements du 16 septembre 2015, « il y a eu certainement plusieurs vérités », a dit Me Jean Yahovi Dégli, un des avocats de Gilbert Diendéré qui a lu des déclarations de la déposition du président de la Transition, le diplomate Michel Kafando qui a été la première victime du coup de force.
L’ex-chef de l’Etat nommé en mai 2017 envoyé spécial de l’ONU au Burundi, pense que le général Diendéré serait, dans cette affaire, « victime d’une certaine pression ». Michel Kafando pense que mon client « n’a pas été l’instigateur » des troubles qu’a vécus le pays en septembre 2015 parce qu’« il n’est pas une personne de ce genre », a renchéri Me Dégli.
Pour lui, citant toujours des déclarations du Procès-verbal (PV) de l’ex-président de la Transition, le général de brigade aurait « seulement assumé le putsch ». Me Jean Yahovi Dégli qui a laissé entendre qu’avec son expérience de trente ans et ayant géré des dossiers concernant les justices militaires, pour une bonne manifestation de la vérité dans cette affaire, « la hiérarchie militaire devait être là car elle a pris une part active » dans ce putsch.
Par Bernard BOUGOUM