Le général de brigade, Gilbert Diendéré, accusé dans le putsch manqué du 16 septembre 2015, et considéré comme le cerveau présumé de cette affaire où 84 militaires et civils sont poursuivis, a affirmé ce lundi 26 novembre 2018, que la dissolution de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), « a affaibli » le système sécuritaire du Burkina dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
A la suite du coup d’Etat de 2015 perpétré par des éléments de l’ex RSP, l’unité citée comme un corps d’élite au sein de l’armée burkinabè, a été dissoute par les autorités de la Transition qui avaient été séquestrées par les présumés putschistes.
A la barre de la Chambre de jugement du tribunal militaire, le général de brigade, ayant servi pendant 21 ans à la présidence sous Blaise Compaoré comme chef d’Etat-major particulier, a regretté la dissolution de l’ex-unité d’élite qui était « un maillon important » dans la chaîne de commandement, dans la lutte contre les agressions extérieures.
Pour l’accusé, la recrudescence des attaques armées qualifiées de terroristes s’expliquerait par la dissolution « brusque » du corps qui était le « mieux formé » pour lutter contre ce phénomène qui a pris des proportions inquiétantes actuellement dans le pays des Hommes intègres. D’ailleurs il a trouvé « farfelues » les raisons qui ont été invoquées, dont l’indiscipline de certains éléments et les crimes de dossiers emblématiques comme l’affaire Dabo Boukary et Norbert Zongo, dans lesquelles des éléments seraient mêlés, pour supprimer le RSP. « Le corps en tant que corps n’avait pas de problème », a insisté le général.
L’ex-Premier ministre Yacouba Isaac Zida qui serait le problème des crises nées au sein du RSP, corps dont il était le chef adjoint, « a supprimé le RSP parce qu’il n’avait plus le contrôle de cette unité ».
Le récit du général, au cours de cette première audience, indique clairement que le coup d’Etat qui a fait 13 morts, est la résultante des « frustrations accumulées » depuis le 31 octobre 2014, quand Isaac Zida, lieutenant-colonel à l’époque, s’est proclamé président après le départ de Blaise Compaoré en évinçant le général Honoré Nabéré Traoré, Chef d’état-major général des armées (CEMGA) au moment des faits.
En somme, à en croire le Général Gilbert Diendéré, c’est la remise du rapport du Conseil des sages, le 14 septembre 2015, qui aurait actionné les événements du 16 septembre puisque le document demandait la « dissolution pure et simple et avec effet immédiat » du corps qui était composé de 1 300 personnes. Or, toujours selon le général Diendéré, le président de la Transition, le diplomate Michel Kafando, avait rassuré la hiérarchie militaire quelques jours avant au cours d’une rencontre que l’unité n’allait pas être supprimée.
L’audience a été suspendue vers 16H25 à la demande de la défense du général afin de lui permettre de souffler et reprendre demain à partir de 9H à la salle des banquets de Ouaga 2000 aménagée pour accueillir le jugement qui a débuté le 27 février dernier.
Par Bernard BOUGOUM