Le général de brigade Gilbert Diendéré, présumé cerveau du putsch manqué de septembre 2015, s’est offusqué ce lundi 10 décembre, de la manière dont le parquet conduit et mène les débats à l’audience du tribunal militaire. C’est pourquoi, à la suite d’un débat houleux entre le ministère public et les avocats de la défense, le général Diendéré, ex-homme de confiance de l’ex-président Blaise Compaoré, a renchéri à la barre qu' »il faut qu’on se respecte dans ce tribunal ».
Le général de brigade, considéré comme l’homme le plus renseigné sous l’ère de Blaise Compaoré, ayant fait 27 ans au pouvoir, était devant la barre du tribunal militaire pour son neuvième jour de passage. Il est revenu sur l’instruction menée par le tribunal qui n’est pas du tout de son goût puisque beaucoup de secrets notamment militaires se sont retrouvés sur la toile.
Prenant le relais de ses avocats en l’occurrence Me Jean Yahovi Dégli qui a estimé que le parquet l’a traité de « menteur », le général Diendéré s’est dit également offensé par le ministère public qui pense que le croquis représentant un camp militaire devant aider à la défense de l’accusé, n’est pas approprié pour ce jugement.
Pour le général de brigade, cette affirmation du parquet est à la limite incompréhensible puisque c’est par l’instruction même que beaucoup de secrets surtout militaires, du dossier du pustch, se sont retrouvés sur la toile. « Il y a des plans entiers qui sont sur le net », a-t-il regretté tout en dénonçant « la violation du secret de l’instruction ».
L’accusé a surtout condamné le fait que les écoutes téléphoniques épinglées dans le cadre de cette affaire qui juge 84 militaires et civils se sont retrouvés sur la place publique.
Comme autre dysfonctionnement que le général n’a pas digéré, il y a l’expertise des conversations téléphoniques dans le cadre de ce dossier qui n’a pas suivi les règles. L’officier militaire a dit trouver « curieux et étonnant » que les appels qu’il a eu à effectuer du 16 au 22 septembre 2015, soit aux moments forts du coup d’Etat, ont été écartés dans le dossier puisqu’il avait, à plusieurs reprises, fait notifier aux juges de l’instruction, cela.
« L’expertise de mes téléphones n’a pas été faite de façon convenable », s’est-il plaint à la barre, souhaitant que pour la manifestation de la vérité, le tribunal prenne les dispositions pour que ses conversations (téléphoniques et messages) ressortent dans le dossier. L’accusé dit avoir même posé le problème lors de son passage devant la Chambre de contrôle, mais il lui a toujours été opposé une fin de non recevoir.
Outre cette partie, le général Diendéré est revenu sur le coup de force dont on l’accuse d’être le concepteur et l’instigateur. Comme aux premiers moments de son passage au tribunal militaire, il a nié la paternité du coup d’Etat qui selon lui n’est qu’une énième crise au sein de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle qui a fini par déborder par le « manque de fermeté » de la hiérarchie militaire.
« Si le coup d’Etat était préparé, je n’aurais pas eu besoin d’appeler la hiérarchie militaire et demander qu’est-ce qu’on fait », a-t-il soutenu en ajoutant que d’autant plus que ma maison est située à 200 mètres de la radio nationale et à 300 mètres de la télévision nationale » pour s’y rendre et faire une déclaration à cet effet.
Le procès se poursuit dans la salle des Banquets de Ouaga 2000 avec les questions, observations et commentaires des avocats de la défense.
Par Bernard BOUGOUM