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Putsch manqué de 2015: «Je ne pense pas que ce sont nos hommes qui ont tué…» (Rambo)

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L’un des accusés dans le dossier du putsch manqué de 2015 au Burkina, l’adjudant-chef Moussa Nébié dit Rambo a soutenu ce samedi 7 juillet 2018, devant le tribunal en charge de juger cette affaire: «Je ne pense pas que ce sont nos hommes qui ont tué les manifestants». Il a noté que «des gens ont profité de la situation pour exécuter des gens».

«Je ne pense pas que ceux» qui était sortis «avaient reçu l’ordre de tuer des gens», a affirmé l’adjudant-chef Nébié, confiant qu’il a eu des informations qui faisaient état de la présence d’autres personnes sur le terrain, sans autres précisions.

Selon Rambo, il y a «des gens qui ont profité de la pagaille du putsch pour faire des exécutions pour les mettre sur (leur) dos», faisant allusion à des éléments pro-Zida qui «avaient attenté à la vie du général» Gilbert Diendéré bien avant le putsch.

L’adjudant-chef Moussa Nébié qui nie les faits de meurtre, coups et blessures volontaires qui lui sont reprochés, reconnait par contre avoir sollicité le service de Minata Guelwaré qui est elle aussi poursuivie dans le dossier du coup d’Etat. Le service était de l’informer de «tout ce qui se passait en ville et les mouvements de la troupe loyaliste» qui avait démarré de Fada (Est burkinabè) et les matériels de cette force. «En dehors de Guelwaré il y avait beaucoup de personnes qui m’informaient», a-t-il affirmé.

A la question du parquet de savoir ce qu’il faisait des informations qu’il recueillait, l’ex-garde présidentiel a laissé entendre qu’il ne faisait rien avec, qu’il les prenait juste pour lui-même.

Pour le parquet s’il y a eu des manifestations et des morts, «c’est parce qu’il y a eu attentat» et «le responsable de (cet) attentat est responsable des coups et blessures et des morts», et l’adjudant-chef Nébié est celui qui a mis aux arrêts le président de la transition Michel Kafando.

Quant à l’avocat de l’accusé, Me Solange Zéba, elle a souhaité qu’il «ne faut pas se baser sur le fait» que son client se renseignait sur ce qui se passait en ville «pour lui imputer les faits de coups et blessures volontaires et meurtre», appelant le parquet et la partie civile à «ne pas tomber dans des suppositions et des déductions».

«Si on me poursuit parce que des gens sont morts à cause de mon acte je l’assume», a conclu Moussa Nébié.

L’audience de ce samedi s’est poursuivie avec l’interrogatoire du septième inculpé, l’adjudant Ouékouri Kossé qui est accusé d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et dégradation aggravée de biens.

«Les faits cités, je ne les reconnais pas», a soutenu l’adjudant Kossé dès l’entame de son interrogatoire, déclarant que le 16 septembre 2015, il a été appelé par le major Eloi Badiel qui lui a confié une mission d’observation au côté ouest de la présidence, en lui disant «de tout faire pour qu’il n’y ait pas de coup de feu».

Selon l’inculpé, quand il est arrivé au palais (résidence du président) à la suite de l’appel, le major Badiel lui a dit que «le général (Gilbert Diendéré) a dit d’arrêter le Premier ministre Isaac Zida» et sur place il a «eu peur» et a demandé à retourner chez lui pour se mettre en tenue militaire car il était en tenue de sport. C’était histoire de pouvoir «fuir» a dit l’accusé. «S’il m’avait donné la permission j’allais partir et ne plus revenir», a-t-il affirmé.

De son poste d’observation, l’adjudant Kossé dit avoir vu l’adjudant-chef Moussa Nébié descendre de la présidence avec le président Kafando et l’adjudant Florent Nion qui était avec le Premier ministre Zida. Mais il soutient que sa mission n’avait pas de lien avec l’arrestation de Zida.

Il affirme avoir réalisé qu’il s’agissait d’un coup d’Etat quand il est reparti au poste de commandement (PC), après sa mission d’observation qu’il a effectuée avec Mohamed Lahoko Zerbo et deux autres éléments. Il dit donc avoir appris après que ce n’était pas seulement le Premier ministre Zida qui était arrêté. «J’ai su que c’est le général qui était à la tête du putsch», a-t-il dit, assurant qu’avec ce qu’il «voit», ce n’est plus possible qu’il fasse ce qu’il a fait (exécuter l’ordre). «Le chef même s’il est comment il n’a qu’à aller (le faire) lui-même», a-t-il poursuivi.

Après le putsch l’adjudant Ouékouri Kossé, 55 ans et père de cinq enfants, avait fui le Burkina pour se rendre en Côte d’Ivoire et c’est de là-bas qu’il a été mis aux arrêts et extradé.  Il a comme conseil Me Timothée Zongo qui, tout au long de l’interrogatoire, est intervenu pour calmer son client mais aussi rappeler le parquet à spécifier correctement ses questions et observations.

Après quelques heures d’interrogatoire, à la demande de l’avocat de l’accusé, l’audience a été suspendue. Et comme cette demande coïncidait, à 15 minutes près, avec l’heure de suspension programmée de l’audience du jour, celle-ci reprendra le lundi 9 juillet 2018.

Par Daouda ZONGO