A la suite du putsch manqué du 16 septembre 2015, perpétré par des éléments de l’ex-garde présidentielle (RSP), le journaliste Adama Ouédraogo dit Damis en son temps chef de Desk politique du doyen des quotidiens burkinabè, « L’Observateur Paalga », a été cité comme l’un des rédacteurs de la déclaration du Conseil national de la Démocratie (CND), annonçant la prise du pouvoir. L’accusé interrogé ce mardi 9 octobre 2018, à la barre, a soutenu n’avoir pas posé d’acte infractionnel au cours des événements et plaide non coupable.
L’inculpé Adama Ouédraogo poursuivi de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, a nié ces faits qui lui sont reprochés. Après avoir appris la prise en otage des autorités de la transition (le président Michel Kafando, le Premier ministre Isaac Zida, les ministres Augustin Loada et Réné Bagoro et deux aides de camps) vers 17h (GMT) et la tenue de la médiation autour de 23h30, M. Ouédraogo se serait rendu au camp Naba Koom II, dans le but d’avoir plus d’informations sur les événements qui étaient en cours.
Dans sa narration des faits, il a confié que c’est son statut de journaliste qui l’aurait amené au camp de l’ex-RSP car il y avait une médiation et il voulait plus de précisions sur ce qui se passait. Il a nié avoir pris part à la rédaction de la déclaration du CND. «Je ne sais rien de la déclaration du CND. Je ne l’ai pas rédigé, je ne l’ai pas lu», s’est-il défendu, notant qu’au camp Naba Koom, il n’a pas eu accès à la salle de médiation, il n’y a pas vu non plu le général Diendéré. Poursuivant son récit, le journaliste a fait savoir qu’il a regagné son domicile sans avoir plus d’informations.
Selon le parquet, le général Gilbert Diendéré, président du CND, aurait déclaré que bien avant les événements, il a demandé à Adama Ouédraogo de recenser les griefs politiques pour lui. Et ce serait ces griefs et des revendications d’ordre militaire qui auraient servies à rédiger la déclaration. Ce serait M. Ouédraogo qui l’aurait mis en brouillon.
Le général Diendéré serait revenu sur sa déclaration une année après pour mitiger ses propos, a indiqué le parquet militaire. Il aurait dit que c’est dans une discussion qu’il aurait trouvé les idées du journaliste intéressantes et qu’il en a profité.
«Tous ces problèmes c’est parce que je suis allé au camp Naba Koom», a affirmé le journaliste Adama Ouédraogo dit Damis qui a laissé entendre qu’il n’a pas posé d’acte qui mérite qu’il soit poursuivi dans le cadre de ce dossier du putsch manqué.
Le 17 septembre 2015, l’accusé Ouédraogo aurait reçu un million de la part du général Djibrill Bassolé qu’il appelle son oncle. Mais pour lui cette somme n’a rien à voir avec le putsch. Il a expliqué qu’il avait fait un plan de communication pour le général Bassolé qui lui aurait dit qu’ils se verront dès qu’il rentrera au pays. M. Ouédraogo a également fait savoir qu’il était en deuil et qu’il devait se rendre à Bobo-Dioulasso pour les funérailles. «Je lui avais informé», a-t-il confié, soutenant qu’il se pourrait que ce soit à cause de ça, que cette somme lui a été remise.
L’audience a été suspendue du fait d’une coupure d’électricité vers 15h et reprendra demain mercredi 10 octobre 2018.
Liste 14 des accusés à passer à la barre
1-Léonce Koné
2-Hermann Yaméogo
3-Salifou Sawadogo
4-Fatimata Térèse Diawara
5-Lamine Oumar Sidi
Liste 15 des accusés à être auditionnés
1-Commandant Aziz Korogho
2-Colonel-major Boureima Kéré
3-Me Mamadou Traoré
4-Général Gilbert Diendéré
5-Djibrill Bassolé
Par Daouda ZONGO