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Putsch manqué de 2015: si le général Diendéré « avait été ferme ça aurait pu changer les choses » (général Nabéré Traoré)

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Le procès du putsch manqué du 16 septembre 2015, débuté fin février 2018, se poursuit au niveau de la Chambre de jugement du Tribunal militaire burkinabè avec l’audition des témoins cités par le parquet militaire. Ce mercredi 20 février 2019, deux généraux, tous ex-chef d’état-major général des armées du Burkina, ont été appelés à témoigner devant la barre. Il s’agit du général de division Honoré Nabéré Traoré et du général de brigade Oumarou Sadou. Dans sa déposition, le général Traoré a soutenu que si le général Gilbert Diendéré «avait été ferme» les choses «auraient pu changer» en sa faveur, prenant l’exemple des coups d’Etat où «la brutalité» a été employée pour exiger le ralliement des réticents.

«Il (le général Gilbert Diendéré) a voulu être conciliant avec (les membres de la Commission de réflexion et d’aide à la décision –CRAD-). Il nous a pratiquement supplié de l’accompagner, on ne voit pas ça sous d’autre cieux», a affirmé le général Honoré Nabéré Traoré pour qui la hiérarchie militaire a «exprimé sans ambiguïté» sa position, à la réunion du 16 septembre 2015 au ministère en charge de la Défense. Honoré N. Traoré a déclaré qu’après l’exposition de la situation par le général Diendéré, qui a donné les raisons pour lesquelles des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ont décidé «d’interrompre le pouvoir de la transition» et ont souhaité «le remettre à l’armée pour repartir sur de nouvelles bases», les participants à la rencontre ont marqué leur opposition. Cette version a été confirmée par le second témoin, le général Oumarou Sadou, qui a ajouté qu’il a été dit qu’il était mieux de considérer cela comme «un mouvement d’humeur qu’un coup de force et de libérer les autorités» qui étaient aux arrêts.

«Les chances de succès d’un coup d’Etat en ce moment étaient inexistantes», a poursuivi le général Sadou pour qui il fallait laisser tomber. Mais malgré les arguments de l’ex-président Jean-Baptiste Ouédraogo et des membres de la CRAD, et leurs propositions de sortie de crise, ceux qui ont posé l’acte n’ont pas souhaité faire machine arrière. «J’ai dit que si c’est comme ça, qu’ils assument leurs actes», mais il ne savait pas que le général Diendéré allait comprendre «assumer leurs actes» comme «assumer le pouvoir», a soutenu l’ex-chef d’état-major général des armées, Oumarou Sadou.

Selon ces deux témoins, les membres de la CRAD ont été «très clairs». «Nous lui (général Diendéré) avions dit que nous étions contre», a révélé le général Honoré Nabéré Traoré qui a fait savoir qu’à la réunion, il a pris la parole pour dire qu’il était «contre la transition mais (n’était pas non plus pas) favorable au coup de force».

Le parquet militaire a demandé au général Traoré son avis sur la déclaration du général Diendéré selon laquelle la hiérarchie devait le mettre aux arrêts si était contre le coup. En réponse, l’ex-CEMGA a laissé entendre que le mettre aux arrêts serait «une solution acrobatique». Pour lui «aucun texte ne (leur) permettait d’arrêter le général Diendéré». «Je ne vois pas pourquoi on devait l’arrêter. Cela ne nous a pas traversé l’esprit. Ce n’était pas une solution. On était entre nous militaires, on se connait», a affirmé le général Traoré qui a noté que mettre le général Gilbert Diendéré aux arrêts dès le 16 septembre 2015, pouvait créer un «désordre».

Après la déposition du général Honoré Nabéré Traoré, le général Gilbert Diendéré a dit maintenir ses déclarations déjà faites et a tenu à préciser que la demande d’aide a été faite pratiquement à la fin de la réunion quand les négociations ont échoué. En ce qui concerne les déclarations du général Oumarou Sadou, l’accusé a indiqué qu’il n’a rien à dire car ce qu’il a dit est conforme à ce que lui, le général Diendéré, avait déclaré.

L’audience a été suspendue et reprendra le vendredi 22 janvier 2019 avec la poursuite de l’audition du général de brigade Oumarou Sadou, ex-chef d’état-major général des armées du Burkina.

Par Daouda ZONGO