Le pré-dialogue tchadien pour la réconciliation nationale au Tchad n’est pas entré dans le fond des discussions qu’il joue déjà les prolongations. Après son ouverture-suspension de ce dimanche, il peine à être relancé. A Doha, les groupes politico-militaires n’arrivent pas à s’accorder sur les 10 délégués qui prendront la parole au nom de leur entité lors de la plénière. Le Qatar, facilitateur au départ, qui a dû se coiffer du bonnet de médiateur sur insistance des représentants du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) s’est donc vu contraint d’arrêter le chrono, pour permettre aux délégations de faire le choix de leurs porte-paroles. Problème! Raboter un effectif pléthorique de 52 groupes est loin d’être une mince affaire.
Et lorsque ce nombre, selon certains participants, a été rendu pléthorique à dessein pour des intérêts de Ndjamena, l’équation devient encore plus complexe. Les voix sont discordantes, des groupes rebelles moins importants en nombre mais plus actifs sur le terrain, ayant peur que le poisson du véritable dialogue prévu au Tchad après l’étape qatari, soit noyé dans l’eau. Du reste, tous les appelés au pré-dialogue ne sont pas partants pour le dialogue, dans son architecture dessinée par le pouvoir du général Mahamat Idriss Deby qu’ils ne reconnaissent toujours pas.
La divergence des agendas, dont certains sont cachés, mais déjà bien décryptés par les autres parties aux négociations, rendent la tâche difficile au Qatar qui s’engage à rabibocher les frères ennemis tchadiens, sur la route de la réconciliation nationale inclusive. Quel sort pour ce pré-dialogue et, in fine, pour le dialogue lui-même? Doha ne sera-t-il qu’un faux-départ? Pourtant, le Tchad a, plus que jamais, besoin de cette réconciliation pour espérer vaincre enfin, dans l’unité, le signe indien des coups d’Etat, rebellions et guerres civile qui l’accablent depuis des décennies. Miné par des dissensions politiques internes, confronté à la menace presque quotidienne des groupes rebelles et des combattants de Boko-Haram, sans oublier que la transition politique en cours est loin de faire l’unanimité autour sur ses dirigeants, notamment le général Mahamat Idriss Deby qui a pris le pouvoir à la mort de son père, comme dans une succession dynastique, le pays est à la croisée des chemins.
Pourvu que le pré-dialogue se mette véritablement en branle, pour que les Tchadiens puissent affronter courageusement leur histoire à la «maison» et aller vers cette réconciliation nationale réclamée à toutes les tribunes officielles, mais que certains voudraient bien façonner dans leur moule à eux. De tous leurs doigts, les Tchadiens doivent venir boucher la jarre Tchad trouée. En tout cas, l’avenir de toute la nation doit prendre le pas sur les intérêts ethniques, claniques, partisans, personnels et égoïstes qui freinent la marche du pays vers la démocratie, la vraie, et le développement.
Par Wakat Séra