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Qatar: Tshisekedi et Kagame cherchent la paix si loin de Goma et Bukavu!

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L'émir du Qatar Sheikh Tamin bin Hamad Al Thani et ses hôtes, Paul Kagame (à gauche) et Felix Tshisekedi

Ils se sont rencontrés, finalement, à Doha, ce lundi 18 mars, loin du bruit des canons des FARDC, les Forces armées de la République démocratique du Congo, des Wazalendos et de l’AFC/M23. Alors qu’ils étaient attendus, à Nairobi et Luanda, c’est-à-dire en terre africaine pour régler un problème entre Africains, et par des Africains, ils ont préféré s’éloigner du continent pour se parler, un an sans s’être adressé la parole, si ce n’est par des invectives dans les colonnes des journaux ou à la radio et à la télévision.

Pourquoi tant de secret autour de cette messe basse qui a accouché d’un tout petit communiqué? Pourquoi sont-ils allés si loin pour se rencontrer, alors que dans la sous-région, leurs pairs et les organisations sous-régionales, se démènent comme de beaux diables pour apaiser le conflit dont chacun des deux porte une part de responsabilité? Le Qatar est-il le parrain d’un des deux, ou des deux, belligérants? Comment se sont organisées ces retrouvailles que personne, en dehors peut-être des concernés, n’a vu venir, tant les deux dirigeants se sont évités, préférant se lancer des flèches acérées par médias interposés alors que leurs troupes, elles, se tirent dessus à balles réelles dans le nord et le sud-Kivu? Que se sont-ils dit dans le but d’arrêter la marche sanglante de l’AFC/M23 en RD Congo? Ou alors, combien de morts faudra-t-il encore pour que les armes se taisent à Goma, Bukavu, Walikele, etc., afin que les familles puissent faire le deuil des leurs et retrouver leur quiétude d’antan? Le chapelet d’interrogations peut être égrené indéfiniment, sans qu’aucun début de réponse vienne à l’esprit, surtout que la guerre continue sur le terrain, en attendant que les héros soient fatigués et que les combattants, et, surtout, leurs soutiens connus et invisibles, aient atteint leurs desseins cachés.

Encore des questions: les dirigeants congolais et rwandais étaient-ils obligés de se retrouver à Doha pour louer «les progrès des processus de Luanda et Nairobi ainsi que ceux du sommet conjoint EAC-SADC, tenu à Dar-Es-Salam, en Tanzanie, le 8 février 2025»? Les chefs de l’Etat avaient-ils besoin de voyager si loin, et en catimini, pour «réaffirmer l’engagement de toutes les parties pour un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel tel que décidé», lors de la réunion des deux organisations sous-régionales? Le Congolais Felix Tshisekedi et le Rwandais Paul Kagame étaient-ils contraints de s’assoir devant Sheikh Tamin bin Hamad Al Thani, un émir aux anges comme un enfant heureux d’étrenner son nouveau jouet, pour «s’accorder sur la nécessité de poursuivre les discussions entamées à Doha, afin d’établir des bases solides pour une paix durable tel qu’envisagée dans le processus Luanda/Nairobi dorénavant fusionnés et/ou alignés»?

Oui, les raisons brandies par les protagonistes de cette guerre, ne sont pas les seules causes du conflit qui n’a pas encore dévoilé tous ses acteurs et commanditaires. Du reste, Félix Tshisekedi et Paul Kagame, malgré leur proximité reconnue avec l’émir du Qatar, voudraient révéler que ce conflit a des parrains et des ramifications extérieurs à l’Afrique, qu’ils ne s’y prendraient pas autrement! Certes, l’émir du Qatar vient de remporter un véritable succès diplomatique sur le plan international en rabibochant les deux présidents congolais et rwandais qui semblaient ne plus vouloir se voir, même pas en peinture. Mais le plus dur reste à faire, car la rencontre secrète de Doha ne dit pas quand la guerre prendra fin, encore moins comment la RD Congo va récupérer Goma, Bukavu, et les autres localités aux mains des combattants de l’AFC/M23 que le Rwanda est accusé de soutenir.

Pourvu que l’éclaircie apportée depuis le Qatar dans le ciel sombre et menaçant de la RD Congo dure et se transforme en paix des braves. Car, qu’elle vienne de Doha, de Luanda ou de Nairobi, la paix sera la bienvenue dans un Kivu et une RD Congo où les populations civiles, et même les militaires, ne savent plus s’ils doivent se vouer à Saint Felix ou à Saint Paul.

Par Wakat Séra