La Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), bien que citée en exemple par le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, n’en n’a pas moins des soucis avec ses chefs d’Etat putschistes, avec qui elle n’arrive pas à s’accorder sur la durée des transitions politiques qui doivent déboucher sur des élections ouvertes pour le retour du pouvoir aux civils. En tenant compte de l’ordre de survenue des prises de pouvoir par les armes, que ce soit avec l’aîné, le colonel de l’armée malienne Assimi Goïta, capé de deux coups d’Etat en moins de deux ans, ou le cadet, le colonel guinéen Mamadi Doumbouya ou encore le benjamin, le lieutenant-colonel burkinabè Paul-Henri Sandaogo Damiba, la grande famille CEDEAO ne sait plus où donner de la tête avec ses enfants putschistes.
A défaut de pouvoir leur faire appliquer le tarif classique de 18 mois tout au plus pour rendre le pouvoir aux civils, l’organisation sous-régionale sera sans doute contrainte de procéder au cas par cas. Malgré ses sanctions drastiques contre le Mali, provoquées par les fourberies des nouveaux maîtres de Bamako qui ont passé le temps à ruser avec les principes de l’organisation, la CEDEAO ne réussit pas à ramener dans les rangs le fils égaré qui, visiblement, a choisi la logique belliciste.
Dans une moindre mesure, la Guinée qui va à son rythme, sans pour autant fournir un calendrier précis sur la durée de sa transition, semble plus réceptive aux interventions de la CEDEAO qui n’a pas manqué, dès le début, d’afficher, comme au Mali et au Burkina Faso, sa volonté d’accompagner les pays dirigés par les juntes militaires, à retrouver les rails de la démocratie. Quant au Burkina Faso, à la suite d’assises nationales qui ont, officiellement en tout cas, accordé 3 ans de transition au gouvernement de transition, il doit d’abord essayer de réduire à leur plus simple expression les attaques terroristes, ramener chez elles le plus du million de populations déplacées, rétablir l’administration dans les localités où elle n’existe plus, rouvrir les écoles et centres de santé fermés ou incendiés par les forces du mal, etc.
Raison pour laquelle le pays a demandé à accueillir une équipe technique purement militaire pour y évaluer la situation sécuritaire et une autre pour en faire de même sur le plan politique. Toutefois, s’il faut reconnaître que des élections ne peuvent se tenir dans ce climat où les attaques des Hommes armés non identifiés se multiplient et sèment larmes et désolation au quotidien, en plus de provoquer des crises alimentaires et humanitaires, il faut également exiger des militaires de trouver les stratégies idoines, ce pourquoi ils ont été formés d’ailleurs, pour ramener la quiétude au Burkina.
Plus que jamais, à défaut d’accepter de perdre pour de bon ses enfants qui se sont éloignés du droit chemin, la CEDEAO doit, désormais, apprendre à manier le bâton et la carotte. Cette même CEDEAO qui n’est pas non plus exempte de tout reproche, elle qui pratique avec une aisance coupable, la politique de l’autruche, enfouissant profondément la tête dans le sable, lorsque des chefs de l’Etat, certes élus démocratiquement, excellent dans la mal gouvernance et que d’autres tripatouillent la constitution pour se tailler des 3e mandats, prêts à marcher dans le sang de leurs compatriotes pour atteindre le fauteuil présidentiel et le garder ad vitam aeternam.
En tout cas, et c’est peu de le dire, l’Afrique de l’ouest est à la croisée des chemins. Pire la sous-région n’est plus à l’heure de chercher les coupables, mais d’aller à la chasse aux solutions urgentes et efficientes.
Par Wakat Séra