Ceci est une opinion de Me Hermann Yaméogo sur la nouvelle politique impulsée par le président américain, Donald Trump, investi 47e chef d’Etat, le 20 janvier 2025.
Qu’importe qui en paiera les pots cassés, et si la nature voit sa durée de vie se rétrécir comme une peau de chagrin. L’essentiel pour le président Donald Trump ce sont les dividendes à engranger. Si cela peut aider à décupler les capacités de son pays, à aller planter le drapeau américain sur Mars avant immigration galactique pour fuir la terre en péril, alors ma foi c’est tant mieux. Rien ne sert de se consacrer plus avant à des démocraties irréalistes, à des constructions multilatérales dévoreuses de temps, d’argent et de vies humaines. Eh bien oui ! chacun pour soi et dieu pour tous. Voilà ce que pourrait bien penser l’homme à la tête du pays le plus puissant du monde soutenu par des hommes les plus riches du monde.
On aimerait se dire que tout ça n’est qu’élucubrations et divagations absurdes, et que le retour à la raison reprendra vite le dessus par des conjugaisons de sursauts. Mais comment y croire quand on note que même à l’égard des anciens alliés européens ( avec lesquels tant d’épreuves dramatiques ont été vécu en union ) les manifestations américaines de mépris et de détachements, prennent des tournures si catégoriques ?
Comment en mettre sa main au feu avec la dénonciation de l’accord de Paris, le retrait de l’OMS et la suspension pendant les 90 jours déclarés, de toute aide étrangère sauf à l’Égypte et à Israël ? Quel continent en souffrira le plus et mortellement sinon l’Afrique ?
Nous devrions assimiler plus de leçons de nos humiliations historiques, et des menaces définitives sur l’humanité pour en tirer des résolutions matures et adaptées à ces défis mondiaux.
Durant son premier mandat pensons-y, Trump s’était refusé à poser les pieds sur la terre africaine, choisissant plutôt d’y envoyer en missions diplomatiques et humanitaires sa femme et sa fille. Depuis, aucun révélateur de changement ! Nous restons cependant toujours de marbre devant ces faits et pire face aux propos insultants du genre pays de merde pour nous désigner.
Loin de réagir avec la même détermination que les Groenlandais, Panaméens, Canadiens et Européens au sujet des dénigrements et menaces de conquêtes, de guerres économiques et politiques les concernant, nous gardons nos habitudes d’écoliers querelleurs et de révolutionnaires éculés. Pendant ce temps le président Trump (chose promise chose due) passe avec une furia de président absolutiste à l’action par des décisions conformes à sa politique isolationniste avec ordre mondial de s’y plier sous menaces diverses. L’Afrique doit rester vigilante.
En effet alors que l’interrogation sur l’absence d’invitations de personnalités africaines à son investiture reste pendante, voilà que se pose tout aussi énigmatiquement celle de la non nomination jusqu’à présent des conseillers Afrique.
Autant de questionnements auxquelles s’ajoute le lancement de la « remigration » en Colombie, au Mexique et au Brésil notamment, en attendant d’autres destinations. Nous avions déjà sous Biden 303 cas fin prêt pour réexpéditions en Afrique. Il faut croire à un net gonflement du chiffre avec Trump.
Nous gagnerions comme certains dans le sous-continent sud-américain et le continent Européen à nous préparer activement à cette nouvelle donne mondiale, à ces migrations de retour, ce d’autant que nous avons le taux d’immigration le plus fort aux USA et que les impacts de ces retours se feront encore plus sentir en Europe avec la montée en force des conservateurs soutenus par les américains.
Ne nous comportons pas comme si nous avions sur ce plan des sauf-conduits, quand tout indique justement le contraire. Si l’on peut comprendre pourquoi certains dirigeants apprécient Trump pour son choix de ne pas interférer dans la gestion démocratique des Etats et de défendre le souverainisme (encore que ce soit principalement pour son pays), arrêtons d’être subjugués par sa « masculinité » et l’éclat de sa « virilité caractérielle » et d’en faire un superman. C’est plus qu’un syndrome de Stockholm.
Dominons aussi nos moqueries et insultes sans fin à l’endroit des uns et nos applaudissements à tout rompre à l’égard des autres. Il se pourrait que demain nous vivions les dures conditions de la collusion entre les deux dans la déstabilisations démocratique et économiques (en raison du renfort autocratique qu’apportera le « trumpisme » au populisme et à l’autocratie en vogue), et que subissant de possibles reproductions historiques, nous nous retrouvions après de nouveaux partages de Berlin en sujétions coloniales. En observant les appétits territoriaux en action par ci et en préparation par-là, l’attitude la plus sage serait pour nous africains, de sceller enfin une sainte alliance pour mieux faire face aux challenges qui se profilent à l’horizon.
Me Hermann Yaméogo