Accueil A la une Qu’est-ce qui a amené Mohamed Bazoum à Ouaga?

Qu’est-ce qui a amené Mohamed Bazoum à Ouaga?

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Le président Roch Kaboré (à gauche) et le président nigérien élu, Mohamed Bazoum (Ph. d'archives)

Mohamed Bazoum séjourne à Ouagadougou, depuis ce dimanche, dans le cadre d’une visite de travail et d’amitié. Le président nigérien et son hôte burkinabè qui s’étaient retrouvés en tête-à-tête lors d’un dîner hier, doivent se revoir ce lundi. Le Burkina Faso et le Niger ayant fait du bon voisinage leur étoile du berger, les deux chefs de l’Etat ne manqueront pas de sujet au menu de leurs entretiens. Le sujet incontournable, dans un environnement sécuritaire commun difficile pour les pays du Sahel, sera probablement la lutte contre le terrorisme. Le Niger et le Burkina, faisant partie, en plus du Mali, du Tchad et de la Mauritanie, du G5 Sahel, devraient mettre l’accent sur le partage d’expériences et surtout du renseignement, toute chose qui qui profitera à l’ensemble de cet espace où se sont enkystés les fameux «hommes armés non identifiés» et des bandits et trafiquants de tout acabit.

Ce sera également, sans doute, l’occasion pour les deux dirigeants, en dehors des sujets politiques et économiques, de parler Festival du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, cette visite s’effectuant en plein Fespaco, dont la 27è édition a été lancée ce samedi, soit la veille de l’arrivée du président Mohamed Bazoum. Ils se souviendront qu’en 1972, l’immense acteur et réalisateur nigérien, Oumarou Ganda, décédé en janvier 1981, accrochait à son tableau de distinctions, le grand prix du Fespaco avec son œuvre cinématographique culte Wazzou, sa deuxième fiction. Ils ne manqueront pas non plus, dans ce même registre du 7è art, d’avoir une pensée pour Zalika Souley, l’une des premières et brillantes actrices professionnelles du cinéma africain, arrachée à l’affection des siens, le 27 juillet 2021.

L’histoire étant têtue, il faut rappeler que le président nigérien, Mohamed Bazoum, le panafricaniste qui a, chevillé au corps, le slogan, «le Niger d’abord, l’Afrique toujours», effectue sa première visite officielle de travail et d’amitié au Burkina, alors que venait de s’ouvrir, et d’être suspendu pour 15 jours, ce 11 octobre, le procès de Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987. En rappel, alors que le fringant capitaine, qui a incarné la Révolution burkinabè, arrivait au pouvoir le 4 août 1983, la veille, soit le 3 août, Mohamed Bazoum, créait à Zogona, un quartier populaire de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, un parti politique marxiste-léniniste clandestin. Le président nigérien est-il donc sankariste? A cette question lors d’une interview dans Wakat Séra, à l’occasion de ses 100 Jours, celui qui fait aujourd’hui le bonheur de son pays, le Niger, a répliqué, dans son franc-parler légendaire: «Non, Bazoum était sankariste quand Sankara était vivant parce que moi j’étais un révolutionnaire et j’avais 25 ans quand il mourait (…) J’étais donc sankariste à l’époque. Mais c’est parce que Sankara était jeune qu’il était sankariste. Mais s’il avait eu l’âge que j’ai aujourd’hui, il ne serait pas sankariste. Il aurait été Sankara mais pas sankariste au sens retenu par l’histoire. On ne peut pas être sankariste à 62 ans, ne serait-ce que dans le tempérament, la fougue.»

En tout cas, si nombre de personnes se demandaient à quand sa première visite, sous son bonnet rouge de chef de l’Etat, au Burkina, ce pays voisin avec lequel il entretient une relation fusionnelle, Mohamed Bazoum, en attendant la visite d’Etat, est à Ouagadougou. Voici sa réponse, lors de l’entretien sus cité: «Je vais convenir d’une date avec mon frère, mon camarade, mon ami Roch (Roch Marc Christian Kaboré, le président du Faso, NDLR). Et je me rendrai avec plaisir dans ce pays que j’aime beaucoup qui est d’ailleurs ma deuxième patrie, celle de Salifou Diallo (feu le président de l’Assemblée nationale du Burkina, NDLR) et de Blaise Compaoré (ancien président du Faso, NDLR) qui était aussi un ami et il se pourrait que j’aille le voir.»

La visite de travail et d’amitié du président de la république du Niger, prend fin ce lundi 18 octobre même.

Par Wakat Séra