Plus de 3000 morts, selon des chiffres de l’ONU. Une situation humanitaire désastreuse avec des risques d’épidémies, des viols de femmes et la précarité au quotidien pour les enfants dont certains seraient recrutés dans les groupes armés, cas malheureux, mais régulièrement observés dans les conflits en Afrique. Flambée vertigineuse des prix des produits de première nécessité dont les populations peuvent encore disposer. C’est le tableau catastrophique que présente aujourd’hui la capitale du Nord Kivu, Goma, passée sous contrôle du Mouvement du 23 mars et de ses groupes rebelles alliés. Accusé d’être le soutien indéfectible du M23, le Rwanda continue de nier toute implication dans cette guerre pour laquelle aucune issue ne se dessine. Surtout que le M23 est décidé à marcher sur Kinshasa, Bukavu étant déjà en ligne de mire.
C’est dans ces conditions alarmantes de chaos que la diaspora congolaise établie en Afrique du Sud, manifeste devant les locaux de l’Union européenne dans ce pays, dénonçant une communauté internationale amorphe face à cette agression et surtout le soutien de Kigali au M23. Dans le même temps, les députés et les sénateurs se sont réunis à Kinshasa, pour se pencher sur la situation sécuritaire inquiétante dans l’Est de la RD Congo. Question: depuis le début de cette crise, pourquoi est-ce seulement une semaine après la marche du M23 sur Goma que les élus du peuple, ont été tirés de leurs vacances, pour être au chevet du pays en danger immédiat? Du reste, ne réagissent-ils pas comme le chef de l’Etat qui s’est contenté, jusque-là, de discours, comme s’il était toujours en campagne électorale, oubliant qu’une guerre se gagne sur le champ de bataille, fusil en l’air et non micro à la bouche? Alors qu’ils dénoncent tous l’inaction de la communauté internationale, les dirigeants de la RD Congo, se sont-ils bougés, avec la promptitude souhaitée, pour mobiliser les troupes au combat? Autant d’interrogations qui mettent sur le grill, Félix Tshisekedi et son pouvoir en manque total de stratégies politique, militaire et diplomatique.
«Tout ce qui peut nous amener à la paix est le bienvenu. Nous sommes prêts à tout. Mais ce qui me fait très mal, c’est le fait que le monde appuie l’ennemi à nous écraser, puis le monde nous demande d’aller aux négociations. Ce qu’on va faire aujourd’hui, c’est pour sauver le peuple». Certes, ce n’est que l’opinion d’un élu de Goma, au micro de nos confrères de RFI. Mais cet avis pourrait bien être l’une des options, sinon la seule en vue pour la RD Congo, livrée à elle-même et en voie d’être contrainte à la négociation pour essayer de récupérer ce qu’elle a déjà perdu et préserver ce qui peut l’être encore!
Félix Tshisekedi ira-t-il, alors, à Canossa, à la faveur de la prochaine rencontre annoncée avec le Rwandais Paul Kagamé, réunion prévue pour se tenir le week-end prochain en Tanzanie, en marge du sommet extraordinaire conjoint de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC)? Le président de la RD Congo qui a promis chasser le M23 de son pays par les armes, se retrouvant aujourd’hui en forte position délicate, sera-t-il obligé de négocier? Et sur quoi négocier, face à des adversaires qui semblent ne connaître que le langage des armes, et ont, pour objectif visible, de conquérir autant d’espace qu’ils le peuvent?
En tout cas, c’est presque la corde au cou que Félix Tshisekedi sera conduit à l’autel des négociations. Evidemment s’il accepte d’y aller, et que Paul Kagamé se plie également à se rendre à Dar es Salam, la prochaine étape de la prise en main des choses, par la diplomatie!
Par Wakat Séra