Les armes continuent de tonner dans le Sud-Kivu. Le M23 et l’Alliance Fleuve Congo, eux, poursuivent leur progression vers Bukavu, après avoir mis dans leur escarcelle, Goma dont ils ont le contrôle. Pendant ce temps, les tentatives pour obtenir, sur le terrain, une accalmie, à défaut de la paix des braves, ont, toutes, échoué au pied du mur de l’entêtement des deux parties à se mesurer à la force. Même le dernier sommet conjoint SADC-EAC tenu à Dar es Salaam en Tanzanie, le week-end dernier, a prêché dans le désert, comme c’était prévisible. Le cessez-le-feu immédiat et sans condition que les chefs de l’Etat ont intimé aux belligérants a fait long feu. Aussitôt commencé, aussitôt violé, les deux parties se jetant, chacune, la balle, pour ne pas dire les balles!
La rencontre qui s’est penchée, sans grand optimisme, et ménageant, peut-être trop, pour des raisons de conciliation, le chou et la fleur, a donc connu un échec retentissant, vu qu’aucun des camps, n’a baissé le canon. Comme ragaillardi par cette réunion, où le moindre doigt accusateur, en tout cas officiellement, n’a été pointé vers lui, Paul Kagamé qui serait le soutien fort du M23, opte résolument d’aller jusqu’au bout de sa trajectoire. Dans le même temps, les alliés militaires de la RD Congo, en l’occurrence le Burundi et l’Afrique du sud, mettent la bouchée double pour stopper l’avancée du M23, résolu à marcher sur Bukavu, et plus si affinités!
Il n’y a plus de doute, l’offensive meurtrière du M23 en terre congolaise, a pris une ampleur régionale, en attendant probablement de s’internationaliser, impliquant, ouvertement ou dans l’ombre des acteurs aux intérêts convergents. Tout compte fait, comme depuis toujours, la RD Congo est victime de sa taille géographique gigantesque, mais surtout de son riche potentiel minier et autres minerais. Tout, ou presque tout ce qui peut être classé dans la catégorie du précieux et rare, se trouve en RD Congo, d’où cette convoitise intérieure et extérieure exacerbée. Et toute issue de fin de guerre semble bien s’éloigner, pour l’instant! Et le plus malheureux dans cette aventure est bien Félix Tshisekedi qui n’a jamais ou trouver la formule idoine pour servir du mieux-être à ses concitoyens qui, en plus de la vie chère, tombent par milliers sous les balles de l’ennemi.
De plus en plus, tout le monde s’accorde à dire que la solution pour ramener la paix en RD Congo n’est pas militaire. A contrario, le président Félix Tshisekedi, lui refuse la voie de la négociation, persuadé qu’il s’en sortira, avec l’appui du Burundi et de l’Afrique du sud, cette dernière ayant gonflé les effectifs de ses soldats et augmenté son apport en équipements de guerre en RD Congo. En attendant, ce n’est que du bout des lèvres que le président congolais évoque un arbre à palabre sous lequel pourrait se retrouver toutes les parties en conflit, car si dans les faits, il n’est pas prêt à discuter avec les rebelles qui ont pris les armes contre son pays. Hors, les responsables des Eglises catholique et protestante, eux, misent sur un dialogue entre tout le monde, y compris le M23. Ils ont d’ailleurs, après l’avoir fait avec le pouvoir de Kinshasa, pris langue avec Corneille Nangaa, de l’Alliance Fleuve Congo, le bras politique du M23. Un séjour à Goma, qui n’a pas été du goût de Félix Tshisekedi et ses affidés.
L’option définitive pour la paix en RD Congo est loin de se dessiner avec des contours fermes et précis, mais la négociation semble l’emporter, même à l’international. Un choix qui a certainement ses limites, le M23 et l’AFC n’ayant pas pris tous ces risques de conquête pour s’arrêter en si bon chemin, tout comme l’envie est très prononcée chez Félix Thisekedi et son pouvoir, de bouter hors du territoire congolais, ceux qu’ils considèrent comme des assaillants.
Assistera-t-on à un isolement de Félix Tshisekedi, si le dialogue étendu au M23 l’emporte définitivement? Ou alors, le président se résoudra-t-il à aller à Canossa? Questions à un gramme de colbalt!
Par Wakat Séra