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RD Congo: il faut arrêter de faire semblant!

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En RD Congo, la Cour constitutionnelle proclamera bientôt les résultats définitifs de la présidentielle

Plus de 73% des suffrages exprimés pour le présidant sortant et, bientôt entrant de nouveau, Félix Tshisekedi. Plus de 18% pour Moïse Katumbi, l’opposant challenger qui arrive en deuxième position. Seulement 4% pour Martin Fayulu qui arrive loin derrière le duo de tête largement mené par le président candidat qui a toujours affiché son imperturbable certitude de garder les clés du palais. Les écarts de cette présidentielle, à l’organisation chaotique selon les opposants et l’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo Besungu, sont impossibles à combler. Même si la République démocratique du Congo (RD Congo), pays continent, est également la terre de tous les politiquement possibles, les larves brûlantes de la plus grosse éruption du volcan Nyiragongo, ne pourront pas déstabiliser le camp du pouvoir qui savoure une victoire contestée à l’unanimité par l’opposition.

La cause est donc entendue, d’autant plus que le pouvoir en place ne laisse, pour l’instant en tout cas, le moindre espace de liberté, encore moins de manifestation au camp d’en face. Les intimidations à l’endroit des opposants comme ce malheureux incident qui a fait retenir Moïse Katumbi dans sa résidence ce lundi, vont certainement se multiplier pour entretenir la psychose de la répression dans les rangs des opposants et décourager les plus téméraires des manifestants à mettre le nez dans la rue.  Les forces de l’ordre, bien formées et équipées à l’excès pour casser de l’opposant mécontent, mais moins enthousiastes contre les rebelles du M23, sont prêtes à faire respecter, contre vents et marrées, les résultats provisoires de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et leur confirmation prochaine par la Cour constitutionnelle.

Du reste les deux recours qui sont sur sa table ne pourront pas empêcher la juridiction, paradoxalement gardienne de la Constitution, d’avaliser des chiffres que nombre d’observateurs rejettent, ou sont contraints de cautionner pour ne pas provoquer ire et représailles du prince du jour. Du coup, on peut se demander pourquoi, la Cour constitutionnelle ne va pas plus vite dans sa démarche. Elle pourrait, par exemple, proclamer, avec plus de célérité, les résultats sans suspense d’une élection présidentielle organisée sur mesure. De plus, le Procureur général près la Cour constitutionnelle a déjà plaidé contre la requête de Théodore Ngoy, le seul opposant, arrivé d’ailleurs dernier de l’élection présidentielle, qui a déposé un recours. Les autres candidats déclarés vaincus ont certainement jugé, à raison ou à tort, que c’était peine perdue!

Et maintenant? Le vin étant tiré, il faudra aux opposants de le boire jusqu’à la lie. Et, à moins de retourner la veste comme en ont l’habitude certains, les désormais anciens challengers de Félix Tshisekedi doivent commencer à réviser leurs cours, pour ne plus se faire voler la victoire, comme ils le dénoncent. Ils doivent insister particulièrement sur le chapitre consacré à «comment conquérir le pouvoir d’Etat, dans des élections ouvertes», car en principe, la présidentielle dans cinq ans, ça sera sans le président sortant. L’ancien opposant et fils d’opposant historique aura fini son second mandat constitutionnel. Mais sait-on jamais, les fortes envies de briguer 3e mandat, pour «finir les chantiers» ne sont jamais loin!

Par Wakat Séra