Comme sur une route où il n’y a ni feu rouge, ni panneau stop, encore moins un agent de police pour réglementer la circulation, et le cas échéant sévir, le M23 fonce à tombeau ouvert, vers «sa» destination, pour l’instant connue de lui seul, et certainement de celui qui est accusé d’être son soutien, et que nous allons éviter de citer, comme le font la SADC, l’EAC et l’Union Africaine. Oui, en dehors des autorités de la République démocratique du Congo, de l’Union européenne, du Royaume-Uni, qui demandent encore au Rwanda d’arrêter de soutenir le M23 dans sa progression sans limite, et d’autres qui émettent des protestations énergiques mais toujours sans effet, peu de doigts accusateurs pointent ouvertement vers le Rwanda comme soutien du M23.
Comme le dit le proverbe, «le chien aboie, la caravane passe»! Le M23, devenu maître des capitales emblématiques du Nord et du Sud-Kivu, continue sa route, en attendant, peut-être de rejoindre, la table du dialogue qu’ont commencé à dresser les Eglises catholique et protestante de la RD Congo. Les représentants de ces confessions religieuses, qui, malgré l’ire du président congolais, ont pris lange avec tous les acteurs de la guerre, y compris le M23. Or, Félix Tshisekedi et ses partisans, eux, s’ils comptent parler avec le M23, c’est en utilisant le langage des armes et de la force, pour que les rebelles libèrent la RD Congo, où ils viennent d’ajouter Bukavu à Goma et d’autres localités, qu’ils ont conquises.
C’est dans cette atmosphère délétère que les soutiens de Kinshasa et ceux de Kigali se sont rencontrés à Addis-Abeba, ce week-end des 15 et 16 février, sommet qui a permis au Tchadien Moussa Faki Mahamat de refiler la patate chaude de l’Afrique des crises et des conflits au Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf, porte, maintenant, la casquette de nouveau président de la Commission de l’Union Africaine. L’Angolais Joao Lourenço qui, au niveau des chefs de l’Etat, a pris le gouvernail du bateau Afrique qui ne cesse de tanguer, au rythme des coups d’Etat, des «3e mandat», des présidences à vie, des affrontements entre les généraux soudanais et leurs combattants et de la marche meurtrière du M23 en RD Congo, n’en mène pas large non plus, lui qui doit nager entre le processus de Luanda et les multiples cessez-le-feu réclamés à Dar-es-Salaam, à Addis-Abeba, etc.
La partie est serrée pour tous les protagonistes directs ou lointains de ces assauts sur l’est de la RD Congo, guerre qui donne des nuits blanches à Félix Tshisekedi qui, même si Kinshasa connaît un calme presque plat, n’en redoute pas moins de faire les frais de la prise de Goma et désormais celle de Bukavu. Nul n’est besoin de regarder dans une boule de cristal, pour savoir que le fils Tshisekedi est bien fragilisé par une guerre qui lui est imposée et contre laquelle il semble ne disposer d’aucune stratégie de lutte. Si, il peut s’adosser à des appuis en hommes et en matériels militaires, de l’Afrique du sud et du Burundi, sans oublier les condamnations, feintes ou sincères, de voisins et de la fameuse communauté internationale qui est parfois bien hypocrite.
En attendant le chaos, l’accalmie ou le retour à la paix, dans l’est de la RD Congo, ce sont les populations civiles, notamment les enfants et les femmes, qui paient le plus lourd tribut à cette guerre dans laquelle l’arme favorite, comme toujours, est le viol. Fléau auquel s’ajoutent d’autres comme le recrutement d’enfants soldats et le désastre humanitaire! Et le conflit en RD Congo qui va, inexorablement, vers la régionalisation.
Par Wakat Séra