L’Union européenne, subitement sortie de sa torpeur s’est engagée dans des sanctions contre le Rwanda, par le biais de la suspension des consultations sur les questions de la défense et d’autres mesures de rétorsion au vu de l’évolution de la progression meurtrière du M23 dans l’Est de la République démocratique du Congo. Dans le même temps, les Etats-Unis ont pris une sérieuse avance en matière d’actions punitives, en prenant des sanctions ciblées contre le général rwandais à la retraite et actuel ministre d’Etat en charge de l’intégration régionale, James Kabarebe et le porte-parole civil du Mouvement du 23 Mars, Lawrence Kanyuka. La Belgique, bien qu’accusée par le Rwanda, à l’instar d’autres pays occidentaux, de porter le péché originel du génocide des Tutsis entre avril et juillet 1994 au pays de mille collines, a, également, mis entre parenthèses, sa coopération militaire avec Kigali, lui administrant une réciprocité, suite à la décision de Kigali d’en faire de même. Embouchant la même trompette, tous ces pays ont demandé, comme l’avaient fait, auparavant, le Groupe de contact international pour la région des Grands Lacs le retrait du territoire congolais, du M23 et du Rwanda qu’ils affirment soutenir les rebelles qui contrôlent désormais en RD Congo, plusieurs localités dont les grandes villes de Goma et de Bukavu.
Mais ces menaces et sanctions semblent être, en tout cas pour l’instant, comme un coup d’épée dans l’eau. Les déclarations de condamnations font comme monter l’adrénaline du côté de l’Alliance Fleuve Congo/M23 qui continue de marcher, dans le sang des Congolais, vers des objectifs qu’elle seule et leur maître de Kigali se sont fixés. Ce qui est certain, ils ne verraient pas d’un mauvais œil, la chute de Kinshasa, avec comme cerise sur le gâteau, celle de Félix Tshisekedi, dont la première élection, tout comme la seconde, ont toujours été contestées. Surtout par des religieux qui ont, actuellement, pris leur bâton de pélerin, en campagne pour le retour à la paix dans l’Est de la RD Congo, par le dialogue et rien que par le dialogue. Ces hommes de Dieu, représentants des confessions catholiques et protestantes, sont, du reste, sur la même longueur d’onde que le voisin angolais, Joao Lourenço, par ailleurs actuel président de l’Union Africaine depuis ce 15 février, et très bon connaisseur du dossier RD Congo-Rwanda, sous toutes ses coutures. Le seul hic dans cette initiative de résolution par le dialogue totalement inclusif est que Félix Tshisekedi qui a pratiquement le dos au mur, voudrait bien négocier, avec tout le monde, mais sans le M23 que tous les autres entendent associer à la table des discussions!
Et pendant que les sanctions commencent à pleuvoir sur le Rwanda et que la réciprocité s’instaure, le rebelles de l’AFC/M23 continuent leur progression, «enrôlant» des policiers congolais qui les combattaient, exigeant des soldats étrangers alliés à la RD Congo de quitter Goma, et surtout, de faire comme si rien ne pouvait leur tomber sur la tête, si ce n’est le ciel. Quelle apparence pourrait donc prendre ce ciel pour faire capituler l’AFC/M23 et son soutien rwandais? Qui pour sauver la guerre de sa régionalisation? Qui pour ramener, d’une manière ou d’une autre, la quiétude en RD Congo, embarquée dans le cycle comme irréversible des chefs de l’Etats chassés du palais, depuis Mobutu? Est-ce une imple coïncidence ou un exercice bien calculé du retour à la politique de Joseph Kabila, dont beaucoup de bruit a couru sur les origines de la mère comme étant Tutsi?
Autant d’interrogations qui constituent la preuve de la complexité de cette guerre du M23, dont Corneille Nangaa, le patron de l’AFC et ci-devant président de la Commission électorale au moment de la première élection de Félix Tshisekedi affirme, aujourd’hui que celui-ci n’était pas celui-là qui a remporté la présidentielle de 2018.
Par Wakat Séra