11 morts dont deux policiers. C’est la comptabilité macabre dressée par les officiels congolais après constat des débordements qui auraient eu lieu à l’intérieur et hors du stade des Martyrs de Kinshasa, à l’occasion du concert géant donné, ce samedi 29 octobre, par le stratosphérique artiste, Fally Ipupa. Plus que le deuil engendré par ces décès autour duquel règne un flou lourd à couper au couteau, les interrogations sur les circonstances, les responsables du trop-plein du stade, et les chargés de la sécurité, s’égrènent à souhait et restent sans réponse, trois jours après ce qu’il convient désormais de qualifier de drame du stade des martyrs qui, malheureusement, porte bien son nom. Certes, un événement de ce genre ne peut se tenir sans une organisation dont la minutie, à défaut de frôler le risque zéro qui n’existe pas dans ce monde des humains, devrait être la préoccupation la mieux partagée. Car, les cas sont trop nombreux où, à la recherche du plaisir des oreilles où des yeux, des personnes innocentes ont pris rendez-vous avec la faucheuse.
Loin d’être l’apanage de la RD Congo, encore moins de l’Afrique, les stades surbookés ou les publics trop euphoriques lors de grands rendez-vous footballistiques ou musicaux, ont été à l’origine de bien des drames en Occident. La catastrophe de Furiani en France qui a fait 18 morts et plus de 2300 blessés le 5 mai 1992, la tragédie de Heysel en Belgique qui a causé, le 29 mai 1985, 39 morts et plus de 400 blessés, et tout dernièrement les débordements aux abords du stade de France lors de la finale de la champions league européenne, le 28 mai 2022, pour ne citer que ces fêtes du ballon rond qui ont viré au chaos, qui sont légion et portent, toutes, ou pour la plupart la griffe humaine de la mauvaise organisation ou de la pagaille de supporters que les Anglais appellent hooligans. Mais des concerts ont également endeuillé des familles à travers le monde et désormais, celui de Fally Ipupa, en attendant que toute la lumière soit faite autour, trouvera place sur cette liste noire qu’il faut espérer bouclée.
Comme le dit le dicton, «la musique adoucit les mœurs.» Ce qui doit être encore plus valable pour un pays comme la République démocratique du Congo, où la musique est une religion, comme le ballon rond l’est au Brésil. De plus, la RD Congo où la marche sanglante des rebelles du M23, actuellement aux portes de la ville de Goma, aurait bien voulu se passer de ces morts de trop, si les informations fournies par les autorités sur les martyrs du stade éponyme de Kinshasa s’avèrent.
Par Wakat Séra
