Trois enfants tués par le M23, déplore l’ONU, qui espère recueillir davantage d’informations dans un Est de la République démocratique du Congo, où la confusion est lourde à couper au couteau. 795 000 autres enfants brutalement sevrés d’éducation. Leurs écoles n’existant plus ou transformées en abris pour personnes en fuite, essayant d’échapper aux balles meurtrières d’une guerre à la fin encore incertaine. Ainsi livrés à la rue et devenus des proies faciles pour tous les vices, mais surtout des candidats prêts à grossir les rangs de l’un ou l’autre camps en conflit, ces adolescents qui n’ont plus la chance de goûter aux délices de cet âge, perpétuent, ainsi, le phénomène affreux des «enfants soldats».
Certes, la pratique désolante qui a la vie dure, n’a pas encore atteint, à Goma ou Bukavu, le seuil qui alarme les ONGs et autres structures qui ont fait de la protection et de l’épanouissement de l’enfant, leur cheval de bataille. Mais il n’en n’est pas moins inquiétant, les femmes et les enfants, payant, déjà, le prix fort à cette guerre entre les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, selon Kinshasa et la communauté internationale, et les Forces armées de le République démocratique du Congo (FARDC) et leurs alliés burundais et sud-africains.
Au nom de tous ces enfants dont l’avenir est hypothéqué et la vie menacée, car transformés en chair à canon, Félix Tshisekedi toujours en quête de soutien diplomatique, et qui s’est rendu, ce mardi, auprès de Joao Lourenço, le voisin angolais, médiateur dans la crise entre le Rwanda et la RD Congo, par ailleurs président fraîchement désigné de l’Union africaine (UA), se résoudra-t-il à s’asseoir à la même table de négociation que le M23? La réponse est, pour l’instant, non car le Congolais, demeure encore dans la logique du protocole de Luanda, où existe une discussion dans la crise traditionnelle entre son pays et le Rwanda qu’il accuse depuis toujours, d’être, en réalité, le pays en guerre contre son pays, par M23 interposé.
Mais, comme deux droites parallèles, le président congolais et son homologue rwandais évitent de se rencontrer pour apaiser ce volcan de l’Est de la RD Congo, dont Goma et Bukavu sont, désormais aux mains des rebelles du M23. Paul Kagamé, lui, est sans équivoque sur la question, Félix Tshisekedi doit discuter avec «ses» rebelles du Mouvement du 23 mars et arrêter sa tentative de déstabilisation du Rwanda en soutenant les FDLR. Et, le M23 continue sa progression, parfois en roue libre, sans rencontrer cette résistance de l’armée congolaise, encore moins du peuple, promise par Kinshasa. Et les laves brûlantes de l’éruption du volcan des Kivu, menacent plus que jamais, la région, voire l’Afrique entière.
En tout cas, et alors que l’approche du dialogue avec toutes les parties au conflit, y compris le M23 et l’Alliance Fleuve Congo, est devenue l’évangile la mieux prêchée, évidemment par les Eglises catholique et protestante, et reprise en chœur par la SADC, l’AEC, et l’UA, le président de la RD Congo, considérant son pays comme agressé de l’extérieur, campe sur sa position de ne pas prendre langue avec ses agresseurs directs, mais celui qu’il indexe toujours, comme leur commanditaire, Paul Kagamé, pour ne pas le nommer.
Que de générations sacrifiées, au propre comme au figuré, par des intérêts égoïstes et assouvis à tout prix et au mépris de la vie humaine qui n’a plus aucune valeur, de l’Ukraine au Liban, en passant par Gaza, le Soudan et la RD Congo, où les canons ne cessent de tonner, rendant inaudible, toute voix d’apaisement, et noyant les cris des enfants innocents, condamnés!
Par Wakat Séra