Dans l’Est de la République démocratique du Congo, les armes continuent de tonner alors que les acteurs de la guerre, sont convoqués à Doha, par l’émir du Qatar, où, ils viennent d’entamer, une autre session de négociations pour le retour à la paix. Que cache le silence épais qui couvre ces discussions entre l’AFC/M23 et les experts et le gouvernement de Kinshasa? Est-ce le signe que le processus avance et que bientôt, la fumée blanche apparaîtra dans le ciel de Doha? Bien malin qui pourra répondre à ces préoccupations, même si la méthode de l’omerta adoptée par le Qatar dans ses facilitations, a souvent fait effet. Questions: la crise étant éminemment politique, quelle portée sera celle des avis des techniciens dépêchés dans la capitale qatarie par les autorités congolaises? De plus, le retour annoncé de Joseph Kabila à la maison, avec pour entrée prévue l’Est, théâtre des affrontements, ne constituera-t-il pas un écueil supplémentaire pour les négociations de Doha?
Hasard du calendrier ou calculs de politicien avisé, l’ancien chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila, a choisi les temps de la passion du Christ et de sa glorieuse résurrection, pour mettre fin à six ans d’absence dont une année d’exil, pour annoncer son retour «sans délai» à la maison. Comme les fidèles catholiques qui préparent, dans le recueillement et l’espérance, le retour à la vie de leur Seigneur, Kabila fils est-il attendu avec la même foi, par ses concitoyens? S’il est difficile de répondre, avec certitude, à cette interrogation, il n’en demeure pas moins que les militants du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), eux, attendent leur leader avec impatience, même si aucune date n’a été avancée dans ce sens.
Celui qui est toujours présenté comme un fin stratège a, certainement, bien mûri son plan. Le timing de son come-back annoncé est, probablement, des plus minutieux. Après un temps de silence de six ans, l’auteur de la passe en or pour son successeur, Félix Tshisekedi, pour ne pas le nommer, est sorti du silence qu’il s’était imposé, et ne fait que, depuis lors, tirer à boulets rouges sur la gestion du président de la RD Congo. C’est dans la même lancée que son parti politique, a, également, repris de la vie, en signant une rentrée politique mémorable en déclarations chocs, après avoir perdu la présidentielle de 2018 et boycotté celle de 2023. A l’occasion, de sa renaissance, le PPRD, refusant toute participation au gouvernement d’union nationale que compte former Félix Tshisekedi, a réitéré l’option de «la résistance» face au pouvoir de Kinshasa. Et si son parti ne reconnaît pas de go, son rapprochement avec l’AFC/M23, ce qui est certain, Joseph Kabila ne rentre pas dans son pays, pour faire la paix avec son successeur. La preuve, s’il faut encore en chercher, et trouver, une, est que l’ancien chef de l’Etat prévoit rentrer par l’Est de la RD Congo, partie du territoire «où il y a péril en la demeure», selon ses propres mots.
Il ne faut pas être un expert en analyse politique, ou liseur de boule de cristal, pour deviner pourquoi l’Est de la RD Congo, où l’AFC/M23 fait la pluie et le beau temps, est la porte de retour de Joseph Kabila, dont l’ambition de reconquérir le pouvoir d’Etat ne fait plus aucun mystère. L’AFC/M23, mouvement dirigé par son ancien président de Commission électorale nationale indépendante, Corneille Nangaa, en rupture de ban avec Kinshasa, peut bien constituer une alliée de taille pour Joseph Kabila, dans son entreprise. En tout cas, le retour annoncé de Kabila fils, qui abandonne la thèse, qu’il préparait, officiellement, en Afrique du Sud, sur les relations entre la Chine et la RD Congo, ne peut qu’en rajouter aux nuits blanches d’un Félix Tshisekedi qui, malgré ses essais diplomatiques à l’internationale, est peu rassuré sur son sort et celui de son pays! Surtout que, à moins que ça soit du bluff, Joseph Kabila affirme avoir pris sa décision, après avoir pris langue avec des dirigeants ou anciens dirigeants de la région et des acteurs politiques et sociaux, tant nationaux qu’étrangers.
C’est un euphémisme, la République Démocratique du Congo qui souffre de son gigantisme géographique et de la richesse insolente de son sous-sol, se porte mal! Et nul ne sait si le docteur Kabila qui a établi son diagnostic et trouvé les causes de la maladie en Félix Tshisekedi, détient également le remède miracle!
Par Wakat Séra