Alors que les candidats de l’opposition ne décolèrent pas contre des élections qui pour eux ne sont que des simulacres, le gouvernement et la Commission électorale nationale indépendante (Céni) avancent, résolument, dans un processus qui, visiblement va ouvrir le boulevard d’un second mandat au président sortant. Felix Tshisekedi, qui, il y a cinq ans, a définitivement troqué les jeans et baskets d’opposant, et surtout de fils d’opposant historique, contre les costumes taillés sur mesure de président de la république, n’a visiblement aucune envie de quitter de sitôt, les lambris dorés du palais présidentiel. Il est encore moins enclin à retourner dans les rues de Kinshasa, pour user les semelles dans ces marches interminables qui finissent toujours par la chasse à l’homme, sport dans lequel les éléments de la police nationale sont passés experts.
Aux policiers sans pitié, armés jusqu’aux dents pour casser du manifestant aux mains nues, la Garde nationale, la Garde républicaine, la Garde présidentielle et même souvent les forces spéciales, formées et équipées avec l’argent du contribuable, contre le terrorisme ou autres agresseurs étrangers, prêtent souvent main forte pour réprimer ces opposants qui empêchent de gouverner en rond. C’est la coutume en Afrique où, selon une règle non écrite mais très présente et répandue, «on n’organise pas les élections pour les perdre». Comme au Liberia où le sortant George Weah vient de courber l’échine face à l’opposant Joseph Boakai, il peut arriver que l’exception confirme la règle. Mais visiblement, Felix Tshisekedi ne compte pas être exception. La passe décisive lui ayant été faite lors de la présidentielle de 2018, par le pouvoir de Joseph Kabila, l’opposant d’hier ne fait, d’ailleurs, aucun cadeau aux opposants d’aujourd’hui!
La RD Congo se trouvant comme en pleine loi des séries, et l’adage enseignant qu’il n’y a «jamais deux sans trois», Martin Fayulu qui n’a de cesse de revendiquer une victoire à la présidentielle, qu’il dit lui avoir été volée il y a cinq ans, fait déjà les frais de cet appétit d’ogre de Felix Tshisekedi pour ce pouvoir qui ne lui échappera sans doute pas, une deuxième fois, voire plus si affinités! La marche que Martin Fayulu et quatre autres opposants ont décidé d’organiser ce mercredi pour dire non aux élections «chaotiques», a pratiquement avortée, car vite prise en charge par les forces de l’ordre. Du reste, la manifestation a été interdite depuis la veille, le gouvernement s’étant opposé, avec la dernière énergie, à sa tenue. D’annulation de ces élections pourtant affublées de tous les péchés de la pire des organisations, le gouvernement ne veut point en entendre parler. L’armée est même mobilisée à Lubumbashi, le fief de l’autre opposant candidat, Moïse Katumbi, sans doute pour décourager toute velléité, de manifestation.
Il faut juste espérer, pour les populations congolaises, que la contestation ne se transporte dans la rue, parce que les opposants auraient perdu toute confiance dans la justice de leur pays, comme ils n’accordent plus depuis longtemps, la moindre crédibilité à la Céni et son contesté président Denis Kadima. La responsabilité des juges et de la Céni sera donc grande devant l’histoire d’une RD Congo déjà endeuillée au quotidien par des guerres et rébellions sans fin.
Par Wakat Séra