Joseph Kabila sera-t-il le messie de la République Démocratique du Congo, en proie à une profonde crise politico-militaire, matérialisée actuellement par la guerre entre les Forces armées de la RD Congo (FARDC) qui bénéficient de l’appui des milices Wazalendos et l’AFC/M23 qui a, selon des rapports de l’ONU et des accusations de Kinshasa, le soutien du Rwanda? Hasard du calendrier ou calculs de politicien avisé, l’ancien chef de l’Etat congolais a choisi les temps de la passion du Christ et de sa glorieuse résurrection, pour mettre fin à six ans d’absence dont une année d’exil, pour annoncer son retour «sans délai» à la maison. Comme les fidèles catholiques qui préparent, dans le recueillement et l’espérance, le retour à la vie de leur Seigneur, Kabila fils est-il attendu avec la même foi, par ses concitoyens? S’il est difficile de répondre, avec certitude, à cette interrogation, il n’en demeure pas moins que les militants du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), eux, attendent leur leader avec impatience, même si aucune date n’a été avancée dans ce sens.
Rien ne semble être fait au hasard par le stratège Kabila, car le timing de son come-back annoncé est des plus minutieux. Après un temps de silence qui a duré une éternité, celui qui a fait une passe en or à son successeur, Félix Tshisekedi, pour ne pas le nommer, est sorti du silence qu’il s’était imposé, pour tirer à boulets rouges sur la gestion du président de la RD Congo. C’est dans la même lancée que son parti politique, a, également, repris de la vie, en signant une rentrée politique mémorable en déclarations chocs, après avoir perdu la présidentielle de 2018 et boycotté celle de 2023. A l’occasion, de sa renaissance, le PPRD, refusant toute participation au gouvernement d’union nationale que compte former Félix Tshisekedi, a réitéré l’option de «la résistance» face au pouvoir de Kinshasa. Et si son parti ne reconnaît pas de go, son rapprochement avec l’AFC/M23, ce qui est certain, Joseph Kabila ne rentre pas dans son pays, pour faire la paix avec son successeur. La preuve, s’il faut encore en chercher, et trouver, une, est que l’ancien chef de l’Etat prévoit rentrer par l’Est de la RD Congo, partie du territoire «où il y a péril en la demeure», selon ses propres mots.
Il ne faut pas être un expert en analyse politique, ou liseur de boule de cristal, pour deviner pourquoi l’Est de la RD Congo, où l’AFC/M23 fait la pluie et le beau temps, est la porte de retour de Joseph Kabila, dont l’ambition de reconquérir le pouvoir d’Etat ne fait plus aucun mystère. L’AFC/M23, mouvement dirigé par son ancien président de Commission électorale nationale indépendante, Corneille Nangaa, en rupture de ban avec Kinshasa, peut bien constituer une alliée de taille pour Joseph Kabila, dans son entreprise. En tout cas, le retour annoncé de Kabila fils, qui abandonne la thèse, qu’il préparait, officiellement, en Afrique du Sud, sur les relations entre la Chine et la RD Congo, ne peut qu’en rajouter aux nuits blanches d’un Félix Tshisekedi qui, malgré ses essais diplomatiques à l’internationale, est peu rassuré sur son sort et celui de son pays! Surtout que, à moins que ça soit du bluff, Joseph Kabila affirme avoir pris sa décision, après avoir pris langue avec des dirigeants ou anciens dirigeants de la région et des acteurs politiques et sociaux, tant nationaux qu’étrangers.
Félix Tshisekedi est donc prévenu!
Par Wakat Séra